Yo La Tengo, du New Jersey, jouit d'un culte important sur la planète indé. Près d'un quart de siècle à baliser les voies parallèles, ce n'est pas rien. La formation avec laquelle James McNew se produit depuis 1991 sera à Pop Montréal. La Presse s'est entretenue avec le bassiste et chanteur.

Encore aujourd'hui Yo La Tengo profite de sa réputation, comme en témoignent plusieurs critiques élogieuses d'un album tout récent: Popular Songs, sous étiquette Matador.

«Bien sûr, soulève James McNew, je me réjouis de ces commentaires positifs, mais j'essaie de les éviter autant que possible, à tout le moins de ne pas y accorder trop d'importance. Personnellement, j'ai du mal à ce qu'on m'entretienne des qualités particulières d'une nouvelle chanson. Le temps doit faire son oeuvre.

«Je suis heureux de notre démarche dans son ensemble, avance le musicien au sujet de la création collective chez Yo La Tengo. Vous savez, faire tout à trois peut sembler onéreux. Ce serait peut-être plus pratique et plus rapide si nous composions individuellement. Mais nous choisissons de travailler en tant que groupe pour toutes les facettes de notre métier. Cette méthode est peut-être plus longue, peut-être inhabituelle, mais c'est la méthode qui nous convient. Celle qui nous semble la plus naturelle. C'est aussi la plateforme idéale pour maintenir l'esprit d'aventure. Après toutes ces années, nous formons un vrai groupe, n'est-ce pas?»

Ira Kaplan, guitares, voix; Georgia Hubley, batterie, voix; James McNew, basse, voix. L'alignement est stable depuis 1991 - mari et femme, Kaplan et Hubley avaient créé Yo La Tengo («Je l'ai» en espagnol) au milieu des années 80. Même réalisateur depuis des lustres (Roger Moutenot), même lieu de résidence (Hoboken, New Jersey), même méthode de travail.

Pour James McNew, cette stabilité ne mène pas à l'immobilisme créatif. Bien au contraire, elle représente selon lui une condition propice à la prise de risque artistique: «La musique nous procure encore beaucoup de bonheur... parce que nous sommes stables! En maintenant les facteurs qui nous rendent heureux, la curiosité et l'assurance se portent beaucoup mieux.»

Invité dans le cadre de Pop Montréal, Yo La Tengo promet des sonorités distinctes du dernier album studio... et de tous les précédents - une douzaine en tout.

«Nous abordons la scène et le studio de manière très différente. Ce qui nous mène à une expression propre. J'adore faire des disques, j'adore la spontanéité qu'offre la scène. Chaque représentation est différente, nous en changeons toujours le contenu. Une fois joué, un concert fait partie du passé... Une vidéo sera peut-être diffusée sur YouTube mais, grosso modo, ça s'est évaporé. Il fallait être là.»

La conversation tire à sa fin, on interroge McNew sur la multiciplicité des genres de la musique de Yo La Tengo: R&B, funk, folk, rock, pop classique, pop indé, pop psyché, pour citer quelques couleurs du p'tit dernier.

«Depuis l'enfance, explique James McNew, nous écoutons différents styles musicaux. Certaines influences émergent peut-être plus clairement dans notre musique d'aujourd'hui, même si elles étaient déjà en nous. Le mélange des genres qui émerge aujourd'hui dans notre musique n'a jamais été songé préalablement. Nous nous retrouvons ensemble, nous essayons des trucs et nous suivons d'instinct la voie qui nous semble la meilleure.»

«Chose certaine, nous n'avons pas de fil conducteur au plan stylistique. J'espère que nous n'en aurons jamais! Il est d'autant plus satisfaisant de créer des chansons qui ne peuvent être décrites simplement et qui exigent une écoute plus attentive. Or, même s'il nous prend l'envie de créer une pièce instrumentale de 17 minutes, nous faisons de la pop.»

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YO LA TENGO se produit dans le cadre de Pop Montréal, le vendredi 2 octobre, 21 h, au Club Soda.