Prenant de court la déferlante des sorties de disques québécois de l'automne, une poignée de jeunes premiers ont profité du mois d'août pour lancer leurs albums. Entrevues de groupe avec Mille Monarques, Orange Orange, Éléphantine et Mad'moizèle Giraf.

Mille Monarques L'envol

«On pensait être seuls à lancer notre disque au mois d'août», admet Mathieu Denoncourt, chanteur et bassiste de Mille Monarques. «Erreur! Y'en a plein qui ont fait pareil...»

 

Mille Monarques n'aura pas de mal à se démarquer. Ce quatuor a fait du chemin depuis sa participation aux Francouvertes, en 2008. Sa participation au concours a solidifié la démarche du groupe, qui a vu l'une de ses chansons, l'accrocheuse L'immense, l'arme, connaître un succès certain dans les radios alternatives.

Formé il y a trois ans, Mille Monarques déploie un rock contemplatif aux fortes nuances post-rock, puissant et planant. La voix monocorde de Denoncourt ajoute une couleur particulière au son du groupe: «On a bien pris les critiques de notre passage aux Francouvertes - je pense qu'en concert, j'ai pris de l'assurance au niveau de la voix. Je ne suis pas gêné de dire que je ne suis pas un grand chanteur; je n'ai pas un coffre à tout casser. Mon but est de faire passer l'émotion, pas de donner une performance. Et je pense qu'on est rendus là, avec le disque et le spectacle.»

À l'image des amis de Malajube, Mille Monarques mise sur la dynamique des arrangements, sur l'impact des guitares. Le paradoxe de la sensibilité et de la cérébralité en musique rock, finement traduit sur ce premier album lancé sur un petit label de... Saguenay. «Je trouve ça plus valorisant que de s'allier à une grosse étiquette. Façon de travailler: on garde tout le contrôle, et le label nous aide parce qu'ils ont un bon distributeur. Même chose pour le booking des spectacles: on travaille avec une coopérative. On est fiers du résultat.» Avec raison.

> DERNIER ALBUM: Mille Monarques, Note Musique

> SUR SCÈNE: 6 septembre, M sur les Quais (Quais du Vieux-Port)

www.myspace.com/ millemonarques

Orange Orange Duo de choc

Pas de Francouvertes pour Dom Hamel et Sabrina Sabotage, qui forment le groupe électro-pop Orange Orange. Pas besoin non plus: «Dom avait déjà gagné un prix Félix, je pense qu'on n'avait pas tout à fait notre place dans un concours pour la relève», concède la pétillante Sabrina.

Dom Hamel s'est fait connaître lorsqu'il torturait les boîtes à rythmes et autres machines au sein du groupe «rap-hop» Gatineau, lauréat du prix Félix pour l'album hip-hop de l'année en 2008. Sabrina, elle, forte d'une formation en théâtre doublée d'une attirance pour le chant et la musique, gagne son expérience dans des groupes de reprises qui lui permettent de parcourir les halls d'hôtel du monde. «J'étais au Maroc lorsque j'ai commencé à composer mes propres chansons», dit-elle.

C'est justement durant l'enregistrement de l'album éponyme de Gatineau que Hamel a fait la rencontre de Sabrina, venue donner un coup de main en studio. Une sorte de «coup de foudre» professionnel, qui a incité Hamel à quitter Gatineau. «J'avais envie d'explorer autre chose, d'aller vers une musique plus pop.»

L'automne dernier, un concert d'entreprise d'Orange Orange a provoqué un tout autre coup de foudre, ainsi qu'un retour à la vocation de producteur de disque pour André DiCesare, qui réactive alors son label Star pour lancer la carrière d'Orange Orange.

Ainsi est né ce premier disque qui, tout électro-pop soit-il, ne ressasse pas les influences eighties qui pullulent sur les ondes. «Il y a une touche british, et notre instrumentation date d'avant 1992», note Sabrina, mais la facture musicale est plutôt intemporelle, aisément accrocheuse. «Il y a beaucoup de jeunes à nos concerts, on adore ça», dit la chanteuse, dont la grande expérience de scène constitue un atout majeur pour le duo.

Orange Orange joue aussi d'audace en reprenant une chanson qui n'est pas exactement un fleuron de la pop québécoise: Je danse dans ma tête de Céline Dion, composition de Luc Plamondon. «Il y a un peu de provocation dans cette reprise, j'admets», dit Sabrina. Son comparse Dom renchérit: «Mais il faut lire le texte pour réaliser que cette chanson est encore d'actualité, même si elle a été composée il y a plus de 15 ans! Et elle colle tout à fait à l'univers de notre projet.»

> DERNIER ALBUM: Orange Orange, Disques Star

> SUR SCÈNE: 5 septembre au FME, 27 octobre à l'Astral

www.orangeorange.tv

Éléphantine La carte cachée

La présence du groupe pop-rock «alternatif» Éléphantine à la ronde préliminaire des dernières Francouvertes a fait jaser.

C'est qu'en février 2009, «on était à Trois-Rivières, en train d'enregistrer notre album, lorsqu'on est descendus à Montréal pour participer au concours, rappelle le batteur Marc-André Pételle. Certaines personnes questionnaient notre participation parce qu'on avait déjà un contrat avec un label. Mais bon, on n'a donné qu'un spectacle pendant les Francouvertes, alors je pense que les gens n'ont pas eu à se plaindre trop longtemps...»

Contrairement à Mille Monarques, par exemple, Éléphantine - Pételle, Julien Simard, André Pelletier et Maxime Desbiens-Tremblay - a vite été remarqué par un label établi, Sphère Musique. «Trois disques, c'est une grosse décision à prendre, commente Pételle. Surtout quand t'as seulement 23 ans. Un pensez-y-bien.»

Le début d'une aventure musicale pour ce groupe qui s'est fait autant remarquer pour ses compositions planantes et rêvasseuses que pour la présence en ses rangs d'une vedette de la télé. Pételle tempère: «Je pense que ça a joué un peu en notre faveur que ce soit Max (Desbiens-Tremblay) qui chante», lui que les jeunes connaissent pour son rôle dans la série Ramdam. Il a aussi participé à la comédie musicale Muguette Nucléaire. Le comédien-musicien, comme ses collègues d'ailleurs, met aujourd'hui Éléphantine en priorité dans ses projets.

«Musicalement, nous avons été beaucoup inspirés par la musique anglophone - des Beatles à Radiohead, disons. En français, je pense aux Chiens, à Karkwa, à Yann Perreau... Éléphantine, c'est une musique alternative qui va du rock à l'électro, avec des touches de folk», conclut Pételle.

> DERNIER ALBUM: Le Bonheur en 3D, Sphère Musique

> SUR SCÈNE: 5 septembre, M sur les Quais (Quais du Vieux-Port)

www.elephantine.ca