David Homel s'est retrouvé à Woodstock par hasard. Le teenager -il allait avoir 17 ans- avait fait Chicago-New York sur le pouce avec un ami, sa première visite dans la mégapole.

«Je n'avais rien d'un hippie. À Chicago, je fréquentais une école où allaient aussi des Noirs et nous écoutions de la musique soul, la black pop du temps», se rappelait cette semaine le romancier et traducteur (et collaborateur de La Presse) qui a appris le français à Chicago même.

 

Il ignorait tout de l'événement qui allait se tenir le week-end suivant. «On a vu dans la rue des affiches annonçant le festival mais on ne savait même pas où était Woodstock... Puis on a rencontré un gars qui gagnait sa vie en faisant le ménage d'un salon de quilles à Long Island. Il a dit: «Si vous venez m'aider, je vous conduirai à Bethel.»»

Ils sont arrivés le vendredi soir alors que les clôtures étaient déjà tombées. Pas besoin de billet, donc, mais une tente aurait été la bienvenue: «Nous n'étions pas préparés et il y avait cette foule! Ces jeunes -on avait l'impression de les entendre dire: «Nous sommes des gens bien»- avaient construit une nouvelle ville. Ils savaient que le monde entier les regardait et tout dans cet événement se voulait un pied de nez à l'Amérique straight.» Avec, en contrepartie, un fort «sentiment de responsabilité par rapport à l'image des jeunes». «Le festival était mal organisé mais tout s'est déroulé sans violence. Ces jeunes de la classe moyenne croyaient en leur capacité de transcender la guerre et la violence raciale.»

Du côté musical, David Homel se rappelle de la performance des Who et de celle de Jimi Hendrix qui, en plus de sa «négritude», amenait, à l'instar du quintette britannique, «une violence et une ferveur qui manquaient un peu aux autres».

Le lundi matin, devant quelques milliers de spectateurs. Jimi Hendrix a fait sa déchirante interprétation du Star Spangled Banner, qui restera toujours le symbole musical de Woodstock. «Cet adieu à l'Amérique a marqué les coeurs à cause de l'importance de Jimi Hendrix en tant que musicien. Mais c'est Altamount qui a marqué la vraie fin de l'innocence.»

En décembre 1969, ce qui devait être le «Woodstock West» a sombré dans la violence et l'infamie. Pour assurer la sécurité, l'organisation des Stones avaient embauché les Hell Angels...