Frédérick De Grandpré a gagné un Félix dans la catégorie jazz pour chacun des ses deux albums de chansons pop-jazz. La première fois, des musiciens de jazz ont écrit une lettre de protestation. La deuxième, Ariane Moffatt a dit en plein gala de l'ADISQ que Frédérick De Grandpré était un bon... comédien.

«Ma démarche est très sincère, je le fais parce que j'aime ça avant tout, répond l'acteur-chanteur quand je lui demande si ça l'a blessé. Je n'ai pas un groupe derrière moi, comme Caïman Fu avec Isabelle Blais ou Mes Aïeux avec Stéphane Archambault, je suis vraiment tout seul à l'avant-plan. C'est peut-être pour ça que je reçois plus de coups, mais aussi parce que je suis un interprète, pas un compositeur, ni un auteur. Et puis, au Québec, le pop-jazz est souvent associé à quelque chose de quétaine alors que moi j'essaie de faire du jazz un petit peu plus pur en spectacle et sur mon prochain album. C'est sûr qu'au début ça m'a blessé, mais si je n'avais pas ma place, le public me l'aurait dit.»

Celui qui incarnait Le négociateur à la télé rappelle qu'en France, Montand, Reggiani et Aznavour ont pratiqué les deux métiers comme l'ont fait Dean Martin, Bing Crosby, Nat King Cole et Frank Sinatra aux États-Unis. «Ces gens-là avaient une notion de polyvalence à laquelle on va être obligés de revenir au Québec, estime-t-il. Il y a de plus en plus d'acteurs et de chanteurs, mais de moins en moins de pointes de tarte, donc il faut absolument diversifier son champ d'action pour survivre. Ce n'est pas tellement mon genre d'attendre dans mon bureau que le téléphone sonne.»

Ce téléphone, il sonne moins souvent pour l'acteur que pour le chanteur depuis quelque temps, avoue De Grandpré. «Peut-être que le fait d'être associé à la chanson me nuit dans mon rôle d'acteur, mais je travaille très fort là-dessus. Je ne me vois pas faire juste du chant parce qu'il me manquerait quelque chose. Je peux jouer un personnage quand j'interprète une chanson, mais je veux être capable d'aller explorer des zones plus sombres de moi-même, ce que je ne peux faire quand je chante du Charles Aznavour en spectacle.»

FRÉDÉRICK DE GRANDPRÉ Monde Francofou, 1er août, 19h et 22h