Du Pérou, Novalima se démarque parmi les Ojos de Brujo (pays catalan), Los Amigos Invisibles (Vénézuela), Sidestepper et Bomba Estereo (Colombie), Senor Coconut (Chili), Bajofondo Tango Club (Argentine), Apollo Nove ou Cibelle (Brésil), Mexican Institute of Sound ou Nortec Collective (Mexique), bref tous ces groupes qui ont en commun latinité et global beat.

Voilà certes une des meilleures prises de ces Nuits d'Afrique, dont l'effort d'actualisation est (enfin) palpable cette année. Coba Coba, plus récent album de la formation péruvienne Novalima, suggère un mélange contagieux de rythmes afro-péruviens et de grooves puisés partout sur Terre.

Rafael Morales, guitariste, bidouilleur électro, membre fondateur de Novalima, raconte la genèse du groupe :

«Fin des années 90, nous vivions tous à l'étranger. J'étais personnellement à Londres, je gagnais ma vie comme DJ et musicien. J'étais resté en contact avec mes amis musiciens avec qui j'avais formé des groupes punks à l'adolescence.

Je correspondais avec ces Péruviens transplantés ailleurs dans le monde : Londres, Barcelone, Hong Kong, etc. Nous avions tous adhéré à la culture des DJ, avions écumé les raves, nous nous étions plongés dans cette scène électronique qui battait son plein.» «Via l'internet, nous échangions des idées pendant que la musique électronique brésilienne explosait partout dans les clubs de danse ‹ à Londres, notamment. Nous connaissions la richesse de la musique péruvienne, il nous semblait naturel de vouloir l'adapter au nouveau contexte électro.

Si c'était possible au Brésil, pourquoi ne le ferions-nous pas au Pérou?» Ainsi, Novalima fut fondé en 2001, trois albums ont été créés depuis : un éponyme en 2003, Afro en 2005 et Coba Coba en 2008.

«Nous connaissions bien la scène musicale péruvienne, nous sommes rentrés au pays et avons commencé à jouer avec des musiciens afro-péruviens. La fusion s'est produite naturellement. Nous avons importé nos influences extérieures (funk, afro-beat, reggae, hip-hop, etc.) aux musiques afro-péruviennes, et voici le résultat. De plus, nous cherchions beaucoup les airs, rythmes et chants traditionnels qui remontent jusqu'à l'esclavage en Amérique.» Et Rafael Morales de fournir des exemples :

«La chanson Concheperla est une danse traditionnelle, qu'on nomme marinera et qui se fonde sur un rythme ternaire (3/4). Libertà est un rythme lando, qui se décline en 6/8. D'autres pièces comme Kumana, sont en série de triolets, typiques de la musique afro-péruvienne. Nous suggérons d'autres rythmes pas spécifiquement péruviens comme le soca sur Yo Voy, le boléro pour la pièce du même nom, ou encore le reggae sur Ruperta...» Novalima rassemble huit personnes sur scène : les membres fondateurs (Rafael Morales, Grimaldo Del Solar, Ramon Perez Prieto, Carlos Li-Carillo) jouent guitares, basse, claviers et séquences, auxquels s'ajoutent un chanteuse (Milagros Guerrero) et trois percussionnistes ¬ congas, cajon, bongos, timbales, cachita, etc.

«À Lima, souligne Rafael, nous sommes les seuls à être vraiment connus pour avoir procédé à ce mélange de musique organique et d'électro. Cela dit, nous évitons d'interférer au moyen des sons de synthèse, nous essayons plutôt de renforcer ces musiques par le biais de l'électro. Ainsi, les échantillonnages et rythmes préprogrammés s'ajoutent à ce qui existe déjà, et non le contraire. L'objectif est de faire en sorte que ces rythmes vous soient balancés dans la gueule, sans que les musiques qu'ils charrient perdent leur substance originelle.»

Dans le cadre des Nuits d'Afrique, Novalima se produit mardi 21 juillet, 20 h 30, au Lion d'Or.