La violoniste de Chicago Rachel Barton Pine, qui jouera les 20 et 21 juillet au Festival de Lanaudière, est une véritable missionnaire de la musique. De toutes les musiques.

À l'âge de 35 ans, Rachel Barton Pine est en mission, pour ne pas dire en vocation. Son seul but: faire partager son amour de la musique au sens large. Ses seules armes: son violon, sa passion incommensurable et un sourire irrésistible.

 

«La raison d'être de la musique, soutient-elle, est d'enrichir la vie des gens. Pas seulement de ceux qui la connaissent, mais de ceux qui ne l'ont pas découverte encore. Il y a encore des préjugés au sujet de la musique classique. Je me fais un devoir de les contourner.»

En 2001, elle a créé une fondation pour venir en aide aux jeunes musiciens défavorisés et aussi pour promouvoir la musique de compositeurs afro-américains. Elle enseigne beaucoup et aime s'entretenir avec les spectateurs lors des concerts.

Sa joie de vivre est contagieuse, même au téléphone. La Presse lui a parlé récemment entre deux séances d'un cours qu'elle donnait à des jeunes d'un camp musical de Los Angeles.

«J'enseigne la technique classique, entre autres, explique-t-elle, mais en ce moment, c'est mon cours d'improvisation heavy metal!»

Le mot est lâché. Elle en écoute, mais elle en joue aussi entre deux concerts de Bach et de Brahms. Elle compte des amis parmi des des groupes comme Metallica et Pantera.

«Avec mon premier walkman, je me suis mise à écouter toutes sortes de musique, dit-elle. J'aimais beaucoup le métal parce que je croyais que c'était très loin du classique et que ça me changeait des études. Mais non. Le fait est que le speed métal et le trash exigent de la virtuosité et sont les formes de rock les plus proches du classique!»

Pour les préjugés, faudra repasser. Au Festival de Lanaudière, la musique sera évidemment classique, mais l'ouverture d'esprit, toujours la même.

«C'est un menu éclectique, avoue-t-elle. Je me produirai seule un soir, et l'autre, accompagnée du pianiste Matthew Hagle. Dans ce cas, les gens pourront entendre le programme que je présenterai à mon premier récital officiel à New York, en septembre, dans la nouvelle salle du Philharmonique.»

Ce programme est composé de sonates de Corigliano, de Pisendel, Mendelssohn et, de Liszt, la transcription effectuée par le compositeur lui-même de sa Rhapsodie hongroise no13. En solo, Mme Barton Pine jouera tout sauf Bach ou Paganini. Au menu: Ysaye, Rodrigo et Albeniz, mais aussi des compositeurs afro-caribéens.

«J'ai pensé faire un mélange de musiques espagnoles et sud-américaines. Certaines pièces sont méconnues, voire inconnues, mais il s'agit d'un matériel intéressant et... épicé! C'est la musique que j'aime», s'exclame-t-elle.

Plus que tout autre musicien classique, la sympathique violoniste de Chicago est au diapason de son époque. On peut la suivre sur Twitter sous le pseudonyme RBPviolinist. On la trouve aussi sur MySpace et Flickr. Elle a son propre canal YouTube et un site de baladodiffusion.

Rachel Barton Pine a commencé à jouer à l'âge de 3 ans. Elle compte déjà 14 enregistrements et en prépare un quinzième. Fatiguée, parfois?

«Contrairement à plusieurs collègues, dit-elle, j'amène ma famille avec moi partout. Il n'y a que mon mari et moi. Il dirige sa compagnie par internet.»

Habituée du Festival de musique de chambre de Denis Brott, elle dit adorer Montréal. En 1991, à l'âge de 16 ans, elle y a fait ses premières armes lors du Concours international de musique.

«Je visite la ville régulièrement. Le public est très chaleureux et connaisseur, comme je l'ai constaté en interprétant les six sonates de Bach en une soirée.»

Ah oui! Rachel Barton Pine a eu un terrible accident à l'âge de 20 ans qui lui a coûté pratiquement ses jambes. Elle ne s'y est jamais arrêtée. Nous non plus.

Rachel Barton Pine, en concert le 20 juillet, 20h, à l'Église de la Purification, et le 21 juillet, 20h, à l'église de Saint-Alphonse- Rodriguez, dans le cadre du Festival de Lanaudière.