Personne ne lui avait demandé de parler de Michael Jackson, mais le gouverneur républicain du Minnesota n'a pu résister à l'envie d'exprimer son ras-le-bol concernant la couverture médiatique du décès de Michael Jackson.

«Il est temps de passer à autre chose», a déclaré Tim Pawlenty au tout début de sa plus récente émission radiophonique hebdomadaire. «On ne peut y échapper. J'en ai assez. Il est temps de présenter nos respects et de passer à autre chose.»

Le gouverneur Pawlenty, à qui l'on prête l'intention de briguer la présidence en 2012, a prononcé ces paroles le 3 juillet. Bien entendu, les médias américains l'ont complètement ignoré, continuant à multiplier les reportages sur tous les sujets imaginables reliés à la mort de celui qui s'était autoproclamé «roi de la pop».

Hier matin, la chaîne NBC a même mentionné qu'une âme généreuse avait offert de payer le billet d'avion à Bubbles, le chimpanzé de l'artiste disparu, afin de lui permettre d'assister «en personne» à la cérémonie en hommage à Jackson. Les nouveaux maîtres du primate, qui écoule ses jours en Floride, ont poliment décliné l'offre.

Il va sans dire que Tim Pawlenty n'est pas le seul à vouloir passer à autre chose. Environ 70 % des Blancs américains estiment que les médias en font trop sur la mort de Michael Jackson, contre seulement 36 % des Noirs, selon une étude réalisée entre les 26 et 29 juin par le Pew Research Center for the People and the Press.

Ras-le-bol

Les raisons du ras-le-bol d'une partie de la population varient d'une personne à l'autre. Certains estiment que l'héritage musical de Michael Jackson ne justifie pas le battage médiatique des dernières semaines. D'autres déplorent que les médias accordent autant d'importance à un artiste dont les dernières années ont été jalonnées non pas de succès, mais de scandales. C'est notamment le sentiment de Peter King, élu républicain de New York à la Chambre des représentants.

Dans une vidéo diffusée sur le site internet YouTube, King ne fait pas dans la dentelle en dénonçant ce qu'il a plus tard qualifié d'«orgie de glorification». «Notre asservissement à la rectitude politique est tel que personne n'a le courage de dire: nous n'avons pas besoin de Michael Jackson, dit-il. Ce gars-là était un pervers. Il était un pédophile. Que doit-on penser d'un pays qui lui accorde une telle couverture médiatique?»

La sortie de King lui a valu de nombreuses critiques. Elle tranche pour le moins avec la réaction de Barack Obama, qui a comparé hier l'émotion suscitée par la mort de Michael Jackson à celle qui a suivi les décès d'Elvis Presley, de John Lennon et de Frank Sinatra.

«Il y a certaines figures de notre culture populaire qui frappent l'imagination des gens, et elles deviennent encore plus grandes dans la mort», a déclaré le président démocrate lors d'une interview à la chaîne CBS. «Je dois aussi admettre que le phénomène est aujourd'hui décuplé en raison des médias, qui diffusent 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et dont l'appétit est insatiable.»