Madeleine Peyroux et ses musiciens ont créé une ambiance décontractée vendredi soir au Théâtre Maisonneuve. Par grands bouts, on se serait cru sur le plateau de la sympathique émission musicale Austin City Limits et la musique aux accents country-folk-swing de la chanteuse américaine y était pour quelque chose.

Madeleine Peyroux a déjà paru figée sur scène. À mesure qu'elle se dégourdit, on constate ce dont ses disques, pourtant excellents, ne donnent qu'un aperçu : on a affaire à une originale. Qu'elle gratte sa guitare ou qu'elle chante en tripotant son chapeau à deux mains, la dame donne toujours l'impression d'être la seule sur scène à savoir où elle s'en va. On dirait qu'elle ne chante jamais une chanson deux fois de la même façon, mêmes celles toutes récentes de son album Bare Bones, qui étaient au coeur du concert d'hier soir. Ce n'est pas un reproche. Au contraire, cette façon qu'elle a de chanter comme en périphérie de la mélodie, cette liberté qu'elle s'autorise en suivant son instinct, la rapproche de l'esprit du jazz même quand l'accompagnement musical est plutôt country-rock.

En français comme en anglais, Madeleine Peyroux joue la carte de l'autodérision, insistant sur l'abondance de chansons sur l'échec amoureux dans son répertoire. Mais, et c'est là que ça devient vraiment intéressant, ses chansons qu'on sentait autrefois mal servies par leur interprète sur scène, ont désormais une valeur ajoutée par rapport au disque.

Le public s'en est rendu compte et il a chaudement applaudi la version feu de camp de La Javanaise de Gainsbourg, le classique J'ai deux amours de Joséphine Baker façon bluesée, Dance Me To The End of Love de Cohen chantée avec une fougue qu'on ne lui soupçonnait pas, et la nouvelle Instead sur une musique vitaminée. Au rappel, la chanson qu'elle a écrite sur Obama, Somethin' Grand, était encore plus jolie que sur Bare Bones.

Un seul bémol, tout petit. On en aurait pris davantage que 70 minutes. Dimanche peut-être?