Ce soir, le pianiste Oliver Jones va donner le tout premier spectacle de L'Astral (1), la nouvelle salle construite au rez-de-chaussée de la nouvelle Maison du jazz, rue Sainte-Catherine Ouest. Plus encore que la place des Festivals - qui ouvre demain avec Stevie Wonder -, l'inauguration de L'Astral constitue pour plusieurs le point d'orgue de ce 30e Festival de jazz, parce que, justement, le lieu est appelé à devenir le haut-lieu du jazz à Montréal. Qui n'en compte pas beaucoup.

Parlons donc, comme M. Jones, d'un club de jazz... «On a besoin de clubs comme ça, parce qu'on a tellement de bons musiciens chez nous...»

 

À commencer par les deux qui complètent le trio de celui que tout le monde appelle affectueusement «Oliver»: le contrebassiste Éric Lagacé et le batteur Jim Doxas. «Jim arrive d'une tournée en Russie. Éric, lui, joue avec des grands ensembles, classiques ou jazz. Ce sont des musiciens de calibre international.»

Et comment se prépare-t-on à l'ouverture d'un lieu comme L'Astral, du nom du géant québécois des communications et nouveau partenaire du Festival de jazz? «D'abord, on ne donnera pas un concert comme s'il s'agissait d'une salle classique. Peut-être même qu'on ne portera pas de tuxedo...»

Oliver Jones - qui a invité sa vieille amie, la chanteuse Ranee Lee et le saxophoniste Chet Doxas, le frère de l'autre - dira qu'on ne sait jamais ce qui nous attend dans une nouvelle salle: comment va sonner la batterie? et le piano? Serait-il préférable de jouer tel type de pièces plutôt qu'un autre?

«Il faut trois ou quatre shows pour enlever tous les bugs sonores et techniques...» Le trio se produit deux fois: ce soir pour l'inauguration officielle, sur invitation, et demain pour l'ouverture publique (et à guichet fermé) de la série Jazz d'ici, où le suivront Julie Lamontagne, Guy Bélanger, le Large Ensemble de Dan Thouin et d'autres musiciens québécois de toutes les générations.

Quel genre de relations les jeunes entretiennent-ils avec le doyen des jazzmen québécois? «Ils ne sont pas rendus à m'appeler grand-pa' mais... Plusieurs viennent me parler, parfois pour me demander conseil.»

«Ces échanges sont très importants pour moi. Je ne l'ai pas assez fait quand j'étais jeune: j'étais trop gêné. Quand j'ai commencé à parler aux plus vieux, j'avais 40 ans... et je jouais avec eux autres.»

Aujourd'hui, Oliver Jones, 75 ans, joue avec des plus jeunes, forcément. Des gens comme la pianiste Lorraine Desmarais qui l'a invité au concert qu'elle donnera avec son big band dans la série Jazz Beat (le jeudi 9 juillet au théâtre Jean-Duceppe). «Lorraine est une grande amie et une grande artiste. J'adore être en contact avec tous ces jeunes talents...»

Au bout du fil toutefois, on sent la lassitude dans la voix de cet homme qui avait annoncé sa retraite il y a 10 ans et qui vient de vivre une première alerte cardiaque.

«La musique, c'est ma vie mais pour combien de temps encore? Tu sais, ce n'est pas toujours facile...»

(1) Premier spectacle «officiel»... La semaine dernière, le rocker Éric Lapointe a donné un show privé à l'intention des ouvriers des différents corps de métier qui ont travaillé à la construction de L'Astral, chantier FTQ où, samedi après-midi, on s'affairait encore à compléter la mezzanine.

 

En un mot

Le Montréalais Oliver Jones incarne le jazz d'ici, point.

Dernier disque

Second Time Around

Justin Time 229-2 (2007)

En trio avec Jim Doxas et Éric Lagacé

À écouter

Simple Blues