Une voix de velours s'est éteinte. Le crooneur Raymond Berthiaume, rendu populaire grâce à la chanson N'oublie jamais, est décédé dans la nuit de lundi à mardi d'un cancer à l'âge de 78 ans. Il luttait contre la maladie depuis un an.

Actif depuis la belle époque des cabarets, Berthiaume est un des rares artistes québécois à avoir vu ses chansons paraître sur 78 tours, 33 tours et disque compact. C'est dire la longévité de sa carrière! Jusqu'à tout récemment, le chanteur continuait d'endisquer. Il avait même donné une série de concerts en 2002, au Casino. Ce fut, sauf erreur, sa dernière apparition publique importante. Discret de nature, Raymond Berthiaume ne fut jamais une grande star flamboyante. Il n'avait pas le charisme d'un Michel Louvain et préférait de loin le studio à la scène. Mais ses talents de chanteurs «lounge» lui ont permis de connaître une longue et prolifique carrière de vocaliste, tant sur disque que dans la publicité. «Il était dans l'ombre pour le grand public. Mais dans le milieu, tout le monde le connaissait»,  résume l'historien de la chanson Robert Thérien.

Pro de la voix

Saxophoniste de formation, Raymond Berthiaume fait sa marque en 1954 avec le groupe les Three Bars. Le trio connaît un succès monstre avec N'oublie Jamais, qui s'écoule à près de 40 000 exemplaires.

Avec ce «classique», Berthiaume devient chanteur à temps plein. À la séparation des Three Bars, en 1959, il quitte la scène et se recycle dans la vie de studio, formant de nombreux groupes spécialisés en harmonies vocales, qu'il baptisera Les Choeurs de Raymond Berthiaume.

Jusqu'au début des années 80, il prête sa voix et ses arrangements vocaux à des dizaines d'artistes et des centaines de pubs pour la télé. Ce qui ne l'empêche pas, à l'occasion, de reprendre à son compte des gros succès américains de l'époque. En 1968, il renoue avec le succès grâce à Un monde avec toi, reprise surpersonique de la chanson de Frank Sinatra, The World We Knew. À la même époque, il trempe même un orteil dans le «flower power», avec ses versions en français de Never my Love des Association (Non non jamais) et Up up and Away des Fifth Dimension (Mon grand ballon jaune).

«Jusqu'à la toute fin, ce fut un chanteur de qualité, conclut Robert Thérien. Dans les dernières années, sa voix était encore très stable, comme tous ces chanteurs qui n'ont jamais vraiment arrêté. Il n'était pas seulement compétant, il avait aussi la technique...»