Amateurs à la guitare ou grands chefs à la baguette, groupes de rock, de hip-hop ou de flamenco se croisaient dimanche pour la 28e édition de la Fête de la musique dans les squares, les églises et les salles de concerts à Paris, New York ou Tachkent.

Lancée en France en 1982, cette manifestation populaire est désormais célébrée dans quelque 120 pays dont 19 européens, très souvent autour des représentations culturelles françaises.

Comme tous les 21 juin, des milliers de musiciens amateurs et professionnels se sont enthousiasmés à jouer leur partition pour cette édition qui, prime à la fête, tombe un dimanche, et dont le thème est «50 ans de chanson française». Quelque 15.000 concerts au total étaient recensés.

La tradition est désormais bien ancrée. Chaque bosquet peut servir de rideau de scène à un orchestre de lycéens ou une ruelle à un ténor d'opéra, alors que des endroits inhabituels - hôpitaux, prisons, musées, monuments historiques, bâtiments officiels - servent d'auditoriums.

En France, le coup d'envoi devait être donné en fin d'après-midi par la ministre de la Culture Christine Albanel qui célèbre les 50 ans de son ministère avec des représentations de Yodelice, Carmen Maria Vega puis Daniel Darc dans les jardins du Palais-Royal à Paris.

Mais les festivités ont commencé partout dès le milieu de la journée et devaient aller crescendo, jusque tard dans la nuit.

Le palais présidentiel de l'Elysée ouvrait pour la deuxième année à cette occasion ses portes au public qui est invité à venir écouter des airs d'opéra, de swing, de jazz, de la musique tzigane ou encore antillaise.

Assis sur un prie-dieu de l'église Saint-Eustache dans le centre de Paris, Roberto se régale. Ce touriste italien de Venise vient d'écouter du flamenco dans cette enceinte sacrée et, dit-il à l'AFP ,"maintenant c'est du rock». En Italie, «on ne pourrait pas, à cause du pape», ironise-t-il.

Un peu plus loin, Onebeer se prépare. Ce groupe de six jeunes Parisiens qui se connaissent «depuis deux mois», a répété 25 titres de pop, de rock et de punk californien. «On ne va pas être trop violent, on est là pour faire plaisir aux gens», explique Mathieu, 21 ans.

A Bordeaux (sud-ouest) quelques centaines de touristes et de Bordelais, pour la plupart en famille, affluaient à la mi-journée vers les quais de la Garonne. Sous un soleil à peine voilé, une centaine d'enfants des centres d'animations de la communauté urbaine répétaient leur concert.

A Lille, on s'active autour des podiums. Les musiciens amateurs déballent leur matériel. Un jeune homme, bonnet blanc vissé sur le crâne, cherche «les animations pour la Fête de la musique». Elles commenceront un peu plus tard.

A Paris, plus tard dans la soirée, le château de Vincennes devait accueillir Anaïs, Emily Loizeau et l'Ecossais Paolo Nutini, et la place Denfert-Rochereau des révélations comme Cocoon, Naive New Beaters ou Spleen.

Côté classique, Pierre Boulez dirigera l'Orchestre de Paris sous la pyramide du Louvre pour une oeuvre de Stravinsky et l'Allemand Kurt Masur l'Orchestre national de France pour Mendelssohn dans la nef du musée d'Orsay.

Quelque 850 concerts devaient se tenir à New York, avec notamment l'ex-tennisman Yannick Noah. Des concerts de flamenco se jouaient à Hanoï, du slam au Togo, du hip hop au Vanuatu et de la musique orientale à Erbil, dans le Kurdistan irakien.