Un nouveau festival est arrivé en ville: le Virgin Festival, du nom de son premier organisateur et commanditaire, la multinationale britannique aux origines musicales qui s'est grandement diversifiée avec les années, vendant du cola, des billets d'avion bon marché, des voyages dans l'espace (!) et des téléphones cellulaires. Or, force est d'admettre que la naissance de la première mouture montréalaise du festival pop ne s'est pas faite sans embûches...

Nous avons mis les pieds au parc Jean-Drapeau en début de soirée vendredi, histoire de ne pas louper ce que cette journée inaugurale avait de meilleur à offrir, les performances des Québécois de Simple Plan et du populaire quatuor américain Black Eyed Peas.

Premier constat: il n'y a pas foule en cette soirée un brin taciturne. Le plafond était bas et gris, pas de quoi convaincre les amateurs de pop d'aller voir dans l'île Sainte-Hélène si la musique est bonne. Selon le Groupe Spectacles Gillett, environ 12 000 spectateurs ont occupé le parc Jean-Drapeau vendredi; l'emplacement peut en accueillir presque quatre fois plus.

Paradoxalement, cet achalandage modeste peut aussi être perçu comme une bonne nouvelle, soit la démonstration qu'un festival de musique populaire, destiné au grand public, a son potentiel.

Simple Plan n'a donc pas rallié une très grande foule et son public manquait un peu d'énergie - ce qui a eu l'air d'agacer son chanteur Pierre Bouvier!) -, mais le groupe a déjà donné quelques concerts dans la région au cours de la dernière année et ses fans avaient déjà eu l'occasion de le voir. Qu'importe, le groupe pop-punk a déchiré sa chemise pour les spectateurs, enfilant ses propres succès et certains des autres (une sorte de medley Lady GaGa...). Foule pas foule, Simple Plan ne fait pas dans la demi-mesure.

Les ex-concurrents de Canadian Idol qui garnissaient l'affiche de cette première journée n'ont pas autant de pouvoir d'attraction, c'est normal. Et hormis le groupe Black Eyed Peas, les amateurs de pop n'avaient pas grand-chose à se mettre sous la dent. Malgré tout, et malgré l'absence d'un soleil d'été, 10 000 festivaliers, ce n'est pas rien. Virgin et Groupe Spectacles Gillett sèment cette année, en persistant comme on l'a fait avec Osheaga, peut-être récolteront-ils l'an prochain... pourvu que l'affiche soit de meilleure qualité.

À cet égard, la bande à will.i.am et Fergie ont offert une performance sans reproche. Belle scénographie, avec cet écran géant au centre de la scène et au sommet duquel trônaient trois musiciens. Les quatre chanteurs et rappeurs avaient une énergie qui ne trahissait pas leur possible déception de n'avoir pu jouer devant plus de fans.

Le groupe a lancé son concert avec trois de ses bombes, Let's Get It Started, Don't Phunk With My Heart et Shut Up, avant de présenter une première chanson du nouvel album. Le single Rock That Body, une affaire plutôt house et déchirante qui s'inspire (pour ne pas parler de pillage) du son Justice/Daft Punk, donnait du muscle au répertoire déjà assez vitaminé du groupe. Histoire de mettre l'accent sur le côté particulièrement dance de The E.N.D, le nouvel album du groupe, will.i.am s'est peu après installé au centre de la scène, derrière un ordinateur, enfilant à la manière d'un DJ quelques succès de l'heure, avant de nous renvoyer aux propres succès du groupe, les My Humps, Pump It, Where is the Love? et la fraîche Boom Boom Pow.

Si l'affiche de ce premier Virgin Festival n'était pas des plus alléchantes, l'utilisation qu'on a faite des lieux était inspirante. La marque Virgin était tapissée partout, depuis les tentes où on vendait des téléphones cellulaires à l'autobus à impériale typiquement britannique garé au milieu de la place.

On a trouvé le moyen de rendre les lieux plus confortables qu'à Osheaga, notamment à l'aide de cette chouette terrasse avec chaises installée au fond du parc et des tentes à massage disposées sur un coin d'herbe, hum, derrière la tente à pizza. Il y avait une ambiance bon enfant qui, n'en doutons point, aura aussi baigné la soirée d'hier pendant laquelle les New Kids on the Block (passés au Centre Bell au cours de la dernière année...) tenaient le haut de l'affiche.