On peut maintenant dire que la belle saison est vraiment lancée avec ce premier grand concert populaire présenté mercredi en plein air - et par une radieuse soirée! - au parc Jean-Drapeau. Le groupe américain Dave Matthews Band a inauguré l'été musical en ralliant environ 10 000 spectateurs aux abords du fleuve.

Côté météo, rien à dire sinon qu'après ces dernières journées grises, ça faisait du bien de passer la soirée à l'extérieur. Les rayons du soleil ont accompagné le Nigérian Femi Kuti durant sa performance d'environ 45 minutes, en première partie de Dave Matthews et ses acolytes. Il a déployé ses rythmes afrobeat dans la bonne humeur, ce dont d'autres amateurs de funk africain pourront profiter lorsque l'artiste reviendra à Montréal, dans un peu moins d'un mois (le 5 juillet, au Métropolis), dans le cadre du Festival de jazz.

Et le Dave Matthews Band? Égal à lui-même. Un ensemble de musiciens très compétents, totalement investis dans leur performance, mais pourvus d'un répertoire plutôt moyen. Tellement moyen, en fait, que même les nouvelles chansons de Big Whiskey and the GrooGrux King - de loin le meilleur de la discographie du groupe - perdaient leur piquante saveur louisianaise dans la soupe rock-funk que le groupe sert depuis plus de 15 ans déjà.

Ce Big Whiskey and the GrooGrux King, faut-il le souligner, est le cinquième album de suite du groupe à débuter en première position des ventes du palmarès Billboard. Un exploit qui en dit moins sur la qualité de ces nouvelles chansons (pourtant très bonnes, permettez-nous de le répéter) que sur l'ardeur des fans de Matthews qui, du Vermont et du Maine, ont fait le chemin jusqu'à Montréal pour profiter de son spectacle.

Lequel a débuté avec une pièce de choix pour les fans, Bartender (de l'album Busted Stuff, 2002). Une longue progression de rock-pop aux harmonies simples - en fait, s'étirant pendant une bonne douzaine de minutes sur scène, une des plus longues pièces du répertoire du groupe, point. Trop longue, même, pour lancer la soirée : le solo de flûte irlandaise, aux deux tiers du morceau, a vite cassé l'élan du Band, un groupe imperméable aux modes musicales, anti-tendances depuis sa création au début des années 90.

Sur scène, sept musiciens : l'ensemble classique basse-guitare-batterie, un trompettiste, un saxophoniste, un violoniste, et le leader Matthews, guitare au cou. D'un naturel réservé, il s'adresse brièvement à la foule, préférant laisser parler ses chansons. Vingt en presque 2h30, on parle d'un concert généreux.

Un concert qui a trouvé sa vitesse de croisière lorsque le soleil s'est couché. Dynamique, souvent musclé, le concert d'hier était moins une affaire de succès (même les solides Jimi Thing, Spaceman et la jolie Funny the Way it Is du nouvel album ont enchanté les fans) que de performances individuelles, une enfilade de solos enflammés de chacun des instrumentistes présents, faisant ainsi de banales compositions des petits feux d'artifices pop.

C'est surtout ça, le Dave Matthews Band : non pas des artisans, mais des ouvriers de la pop. Du coeur à l'ouvrage. Avec ça, peut-être que le groupe pourra un jour se constituer un vrai bon répertoire.