En comptant la venue de Benga et Skream au Picnik Électronik le 20 septembre prochain et celle de Mala ce soir, Montréal aura probablement connu son année la plus fertile pour le dubstep, ce son venu de Londres qui, en un peu plus de sept ans, est devenu le genre le plus excitant de la planète électronique. La Presse en a discuté avec l'incontournable Mala, membre du duo Digital Mystikz, patron de label et organisateur de la plus importante soirée consacrée au genre, DMZ.

Au bout du fil, on entend derrière l'enfant qui pleure, la copine qui discute: «Excuse-moi une minute, je vais chercher un endroit tranquille pour discuter, dit Mala. Ça fait une semaine que je n'ai pas vu ma famille, je viens de rentrer à Londres, j'étais à Berlin pour cinq concerts en autant de jours...»

Les musiciens, on peut imaginer, n'ont pas l'habitude du silence. Du bruit, des gens, de la musique, toujours. Mala, lui, est complètement noyé dans sa musique: le dubstep, issu (en partie) du moribond drum&bass, est un genre de plus en plus difficile à cerner tant ses influences sont vastes, mais toutes ses déclinaisons possèdent deux dénominateurs communs: les rythmes syncopés et la basse. Beaucoup, énormément de basse. Des étages et des étages de basse. Ça enveloppe et ça assomme.

«Je suis chanceux, ça fait près de trois ans que je suis invité à jouer à l'extérieur de la Grande-Bretagne. Le dubstep prend de l'ampleur ailleurs, c'est ce que j'aime constater lorsque je voyage, tous ces acteurs, tous ces labels qui émergent. Ils s'approprient la musique», et le coeur de la scène, le centre de la Grande-Bretagne, embrasse les idées des étrangers.

Comme la majorité des acteurs britanniques de cette scène, Mala a fait son éducation musicale en découvrant les sons de la City, le jungle et le drum&bass, puis le 2 step/garage, autant d'étapes dans l'évolution de ce que d'aucuns considèrent être une seule et même musique - une seule et même motivation musicale, en tout cas. «J'ai commencé à composer en 1999, raconte Mala. J'avais 19 ans. Pour moi, c'était comme jouer à des jeux vidéo: tu passes des heures devant l'ordinateur dont l'écran change de couleur, affiche des formes, et voilà, tu te retrouves avec un assemblage de sons qui dure cinq minutes et qui ressemble à de la musique...»

Tout naturellement, c'est du drum&bass qu'il composait. «Pourquoi j'ai choisi de ralentir le rythme à 140 bpm [plutôt que les quelque 175 bpm du drum&bass], je n'en ai aucune idée. Ça s'est fait comme ça, sans arrières pensées.» Mala et son collègue Coki (ils forment les Digital Mystikz) n'ont pas été les premiers de South London à concocter cette nouvelle musique, mais ont tôt fait de rejoindre les rangs des premiers innovateurs.

Reconnu comme un compositeur qui ne se limite pas qu'à une signature sonore, Mala passe surtout pour un important rassembleur en organisant DMZ, soirée bimensuelle qui attire des foules records. C'est l'un des événements les plus importants de la scène, avec la légendaire soirée dominicale FWD.

«Je ne joue que du vinyle lorsque je performe, dit Mala. Des vinyles et des dubplates», ces disques à pressage limité de compositions pas encore disponibles sur le marché qu'il traînera jusqu'à Montréal ce soir. «Pour la qualité, parce que c'est comme ça que doit s'apprécier la musique. On peut faire le débat sur la qualité sonore du vinyle versus le CD ou le fichier numérique, mais pour moi, c'est le vinyle, sur le meilleur système de son possible.»

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MUTEK présente Nocturne 2: Bass Exponential, ce soir, 22h, au Métropolis. Avec Mala, Applebim, Deadbeat, Moderat (Modeselektor + Apparat) et plusieurs autres.