Quand on pense aux débuts des Respectables, on se souvient du groupe qui, dans la première partie des années 90, brûlait les planches de la Vieille Capitale grâce à No Dogs, No Bands, un disque dont les guitares southern et l'harmonica soul trahissaient des racines blues. Une quinzaine d'années plus tard, la bande de Sébastien Plante revient à ses premières amours avec Sweet Mama.

«Ce disque-là, ça fait des années qu'on l'attend», convient d'entrée de jeu Sébastien Plante, aussi fier de cette nouvelle galette qu'un père de sa progéniture.

Avec ses guitares aux textures variées (lap steel, bottleneck, acoustique, etc.), son orgue B3, son harmonica et sa chorale gospel, Sweet Mama constitue, en raison de la richesse de ses arrangements, un véritable buffet sonore.

«On est revenus à ce dont on rêvait au départ quand on était à Québec, aux racines de ce qu'on a écouté dans le rock'n'roll. Cet album, c'est comme un pont qui s'est fait entre les débuts du groupe et aujourd'hui», a poursuivi le chanteur, illustrant ce lien par la reprise de This Garden (Wanting You) et de No Dogs, No Bands, devenue Tell Me Who sur Sweet Mama.

Avec des influences assumées du côté des Beatles et des Rolling Stones, les Respectables replongent donc aux sources du rock'n'roll à l'américaine. Une trajectoire qui s'est imposée après que le groupe eut commencé ses séances de travail chez son fidèle collaborateur, le réalisateur Gordie Johnson, maintenant installé au Texas.

«Une grosse partie de l'écriture a été faite là-bas. Le résultat est plus rock classique, comme on l'a toujours voulu. La fin de l'enregistrement s'est même faite au studio de Willie Nelson, où Gordie travaille souvent. En fait, c'est comme s'il avait les clés du studio! La vibe était parfaite pour cette musique-là!» s'est emballé Sébastien Plante.

Mise en veilleuse en raison d'une florissante carrière francophone, l'idée de créer un album anglophone à potentiel international n'a jamais quitté les quatre membres des Respectables, qui se sont appliqués à composer des pièces à leur image.

«Avec notre feuille de route, notre âge et notre expérience, ça ne nous aurait servi à rien de suivre un courant du moment. Je trouve que le style musical de ce disque va bien avec notre vie, notre mode de vie. Je voulais que ce soit real. J'ai vraiment preaché là-dessus. Et puis, partout dans le monde, il y a des stations de radio rock classique. Elles tournent des affaires qui se démodent pas, mais en même temps, elles ont besoin de neuf.»

Du sang neuf

Le groupe lui-même mise aussi sur la nouveauté: le guitariste Jean-Sébastien Chouinard, originaire de Rimouski, a remplacé le membre fondateur Pascal Dufour.

«Avec Jean-Sébastien, ça va vraiment bien. Il aime vraiment jouer de la guitare. En plus, il aime exactement le même genre de musique que nous. Il est dans un trip rock. Sur le disque, on a eu notre première collaboration. C'est lui qui est arrivé avec le riff de Serves You Right

Si le guitariste amène un certain vent de fraîcheur au sein de la formation, cette dernière continue de gagner en maturité, ce qui explique notamment la teinte country de Sweet Mama.

«Je pense que les gens comprennent de mieux en mieux l'espèce de simplicité volontaire qu'il y a dans le country. Ça va chercher de plus en plus de monde, à commencer par nous, dans une vie d'aujourd'hui qui va de plus en plus en vite.»

Si le groupe accumule les années au compteur, ses rêves de jeunesse subsistent toujours. Déjà, ce nouvel album a fait ressurgir l'envie chez ses membres d'aller se faire voir ailleurs. En ce sens, la nouvelle alliance du groupe avec la multinationale Universal devrait donner un bon coup de pouce.

«Grâce à eux, la pièce Sugar est un hit partout au Canada. On a d'ailleurs très hâte d'aller dans les villes où ça spin! Le rêve américain est toujours là. Mais le rêve japonais aussi. Le rêve australien aussi. Le rêve sud-américain aussi. Il y a toutes sortes de rêves. C'est une question de temps, de patience et de chance. On ne ferait pas ce que l'on fait si on n'était pas des rêveurs. On verra avec la sortie de l'album où ça nous mènera.»