Surpris et émus, les membres du groupe mythique Beau Dommage ont été honorés en grande pompe par l'Assemblée nationale, mardi.

Tour à tour, Pierre Bertrand, Marie-Michèle Desrosiers, Réal Desrosiers, Michel Hinton, Pierre Huet, Robert Léger et Michel Rivard ont reçu la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale des mains du président, Yvon Vallières.

Ils rejoignent au rang des décorés des personnalités aussi diverses que Chantal Petitclerc, Abdou Diouf, Alexandre Despatie, Bernard Lalonde et Pierre Karl Péladeau.

À l'occasion du 35e anniversaire de la fondation du groupe, l'Assemblée nationale a adopté une motion unanime soulignant «la contribution remarquable» de Beau Dommage «au patrimoine culturel et artistique du Québec.»

Les auteurs et interprètes des titres à succès Ginette, Harmonie du soir à Châteauguay, Le Géant Beaupré et La Complainte du phoque en Alaska ont confié avoir été surpris et touchés par l'accueil chaleureux que leur ont réservé les députés de tous les partis représentés en Chambre.

«Je ne m'attendais pas à autant de reconnaissance de la part de tout le monde à l'Assemblée. Il ne faut pas oublier que l'Assemblée, ce sont les gens, les Québécois, alors nous sommes très touchés de savoir que les Québécois nous offrent ce magnifique honneur», a dit la chanteuse Marie-Michèle Desrosiers, visiblement émue.

Son collègue Robert Léger a pour sa part voulu partager l'honneur rendu au groupe avec toute la génération de musiciens qui ont côtoyé Beau Dommage durant les années d'effervescence culturelle de la décennie 1970.

«Ce trophée, on pourrait le partager avec Harmonium, Les Séguin, Octobre, et les auteurs compositeurs comme Sylvain Lelièvre et Paul Piché», a-t-il dit.

S'il est vrai que Beau Dommage n'a jamais affiché ouvertement ses allégeances politiques, il est aussi vrai que le groupe a voulu chanter sans relâche «la différence qui fait l'âme québécoise», a poursuivi le musicien.

«Et ça, je pense que c'est à quelque part une prise de position politique», a-t-il fait valoir.

De son côté, le premier ministre Jean Charest a rappelé combien la discographie de Beau Dommage a su transcender les époques, demeurant appréciée par deux générations de Québécois.

«Nos enfants aussi aiment beaucoup les chansons de Beau Dommage. C'est le plus beau compliment que l'on puisse faire à un chansonnier que d'écrire des chansons qui traversent le temps. L'hommage ultime, c'est ça», a souligné M. Charest, fan du groupe depuis ses années de jeunesse à Sherbrooke.

À l'origine de l'hommage, le député péquiste Maka Kotto tenait à ce que «l'assemblée du peuple» reconnaisse l'apport de Beau Dommage à la société québécoise moderne.

Avec leurs chansons, Michel Rivard, Marie-Michèle Desrosiers, Pierre Bertrand et compagnie ont contribué, selon lui, à affirmer sinon façonner l'identité québécoise.

«Ginette ne danse certainement plus «dans un motel dans le bout de Sorel», mais les chansons de Beau Dommage resteront à jamais, pour plusieurs générations de Québécoises et de Québécois, ces points de repère, ces marqueurs d'identité de celles et ceux qui façonnent les petits et les grands moments de la vie», a dit en Chambre le député de Bourget.