Seuls neuf des 21 groupes qui ont participé aux préliminaires des Francouvertes passent au deuxième tour et peuvent encore aspirer aux grands honneurs. Notre journaliste Alexandre Vigneault, qui faisait partie du jury professionnel de la première étape du concours, les a tous vus. Il dresse son bulletin de mi-parcours.

Ariel

Ce n'est pas un hasard si Ariel trône au sommet du palmarès à ce stade-ci des Francouvertes. Son chanteur, Ariel Coulombe, possède un charisme fou. Il chante, bouge et manie sa guitare avec assurance et une attitude rock que peu de jeunes artistes possèdent ou osent afficher. Imaginez un croisement entre un Alice Cooper adolescent et un David Bowie bougeant comme Mick Jagger qui aurait un penchant pour le glam rock en rose et noir. Un goût pour le mélodrame, aussi. Point focal du groupe auquel il donne son nom, Ariel n'aurait toutefois pas passé la rampe si sa bande n'était pas solidement soudée derrière lui. Ce cartoon autoproclamé «psycho rock» est un sérieux prétendant à la finale, voire aux grands honneurs.

 

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Hôtel Morphée

Deux violons et un violoncelle électriques. Des trios de cordes parfois déchaînés. Hôtel Morphée n'aborde pas la chanson d'une manière conventionnelle. Soucieux des ambiances et des textures, volontiers mélancolique, le quintette possède toutefois une attitude et une énergie rock. Laurence Nerbonne (chant et violon), dont la voix hésite encore entre un accent québécois et une manière plus française, n'est pas le seul point focal du groupe. Aussi à l'avant-scène, à sa droite, le violoniste Blaise Borboën-Léonard ne donne pas sa place. Hôtel Morphée, malgré le caractère pompeux de son nom, sait éviter la grandiloquence et met sa virtuosité au service de ses chansons. Ce n'est pas qu'un petit détail.

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Francis d'Octobre

Il y a 18 mois, Francis d'Octobre atteignait la finale du Festival international de la chanson de Granby. Sous son vrai nom, Francis Roberge. Incapable de choisir entre expérimentation et chanson, il se perdait entre les deux. Son changement de nom marque également un virage musical: il s'est entouré d'un groupe capable de soutenir ses envies rock pas ordinaires, entre bourrasques décoiffantes et tendresse électrique. Visiblement plus intéressé à utiliser sa guitare comme un réservoir de couleurs que comme une machine à balancer des riffs, il évite la facilité, mais devra se montrer un peu moins cérébral pour espérer poursuivre l'aventure au-delà de la demi-finale.

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Dialecte

Faudra être fichtrement malin pour inventer une étiquette capable de définir ce qu'est Dialecte. Ces jeunots - ont-ils seulement 20 ans? - mêlent rock progressif et... slam. Des constructions rock ambitieuses, donc, avec des textes tout aussi étoffés. Ç'aurait pu donner le tournis. Or, ce n'est pas le cas. Mené par un chanteur slammeur encore vert mais fort enthousiaste, le groupe s'impose presque naturellement grâce à sa précision au plan de l'exécution et à des textes vraiment bien tournés. Xavier Phaneuf-Jolicoeur est probablement l'auteur qui possède la meilleure plume de tous les participants de cette année. C'est parfois naïf, un peu ado encore, mais serti d'images surprenantes et tout simplement brillantes.

www.myspace.com/dialecte

Ben

Des cousins... de l'Ouest canadien. L'un vient d'Edmonton, l'autre de Saint-Boniface. Lui s'est installé à Montréal; elle vit toujours là-bas. Sauf que le courant passe magnifiquement entre ces deux musiciens qui abordent le country et le folk avec un sourire en coin. On retrouve chez eux un peu de la simplicité rafraîchissante qu'il y a chez Tricot Machine, mais dans un tout autre registre. Sa franche sensibilité est presque toujours doublée d'une touche d'humour. Comme s'ils voulaient dire: «On sait que nos histoires sont simples, mais ne trouvez-vous pas qu'elles sonnent vrai quand même?» Ben joue par ailleurs de la guitare comme s'il savait tout du folk et du blues, ce qui donne de la crédibilité à ce sympathique duo.

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Peppertree

Plusieurs participants de ces Francouvertes 2009 avaient un penchant pour le rock atmosphérique. On ne compte plus le nombre de guitaristes qu'on a vu égrener des notes, plus soucieux d'en moduler le chant que d'en tirer une mélodie accrocheuse. Peppertree a trouvé un point d'équilibre entre ces deux pôles. Surtout, ce groupe peut compter sur un chanteur habité, intense, à la voix haute et flexible. Peppertree ne gagne pas beaucoup de points pour l'originalité de son approche, mais il possède une énergie et un aplomb que d'autres concurrents n'ont pas.

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Lac Estion

Passons sur le jeu de mots douteux qui sert de nom à ce groupe piloté par PA le Gredin. Ce qui compte, c'est que Lac Estion a de bonnes chansons dans ses étuis de guitare. Des airs bien ficelés déclinés sur un mode indie rock. Vrai que le chanteur n'a pas offert sa meilleure performance vocale à vie lors des préliminaires, mais les fondations sont là. Lac Estion a déjà pris de l'avance puisque, lundi, il célébrait la parution de son album L'affranchi au Divan Orange. Avec ou sans les Francouvertes, ce groupe poursuivra sa route.

www.myspace.com/lacestion

Mad'MoiZèle Giraf

Ce n'est pas par sa grande originalité que Mad'MoiZèle Giraf se démarque. Son mélange de reggae, de raggamuffin et de chansons engagées a même quelque chose d'assez convenu. Sauf que Sub su'a job est très certainement l'une des deux ou trois chansons les plus accrocheuses entendues pendant les sept soirées de préliminaires. Le tandem, flanqué d'un groupe solide au sein duquel on retrouvait même le Vander des Colocs, possède aussi une puissance de feu qu'on ne soupçonne pas au premier abord. Détail qui tue: le grand maigre qui fait la voix ragga est d'une efficacité redoutable. On ne serait pas surpris de les retrouver en finale.

www.myspace.com/madmoizelegiraf

Simon Leduc

Connu par quelques-uns comme un ancien du groupe punk Suck la marde ou comme membre du groupe rock La descente du coude, Simon Leduc profite de son projet solo pour montrer son côté folk. Ses textes, ses musiques, sa manière, tout chez lui sent encore un peu trop l'approximation pour qu'il puisse prétendre aller encore bien loin dans la compétition. À la lumière de ce qu'on a vu jusqu'ici, du moins. N'empêche, son univers chansonnier à un je ne sais quoi de singulier - cette plume atypique, peut-être? - qui fait qu'on gardera un oeil sur lui.

www.myspace.com/simonleduc

Les Francouvertes se poursuivent les 7, 8 et 9 avril au Lion d'or. Grande finale le 27 avril au Club Soda.