Les Pet Shop Boys restent fidèles à leurs racines. Le duo anglais lancera mardi prochain Yes, une autre galette de tubes à la fois dansants et placides. Discussion avec Chris Lowe sur le matérialisme dégoûtant, l'hyperspécialisation du dance et la supériorité du ballet classique.

Les Pet Shop Boys étaient choqués en entrant en studio en 2006 pour enregistrer Fundamental. Le duo tenait une liste de sujets dont il voulait parler. «Il y avait la guerre en Irak, les lois antiterroristes et tout ce virage à la Big Brother», se souvient Chris Lowe.

 

D'un ton amusé, il se prête à l'énième entrevue en direct de son salon, chez lui à Londres. «C'est ma dernière avant la pause du thé», nous annonce-t-il.

Désillusion

Il explique que Yes s'est construit différemment. «Neil (Tennant) et moi écrivions un peu au hasard. S'il faut trouver un thème dans ce nouveau disque, c'est l'amour. Et peut-être aussi le rejet du matérialisme.»

Cette désillusion, on l'entend sur le premier extrait, Love etc. «Don't have to be a big bucks Hollywood star/Don't have to drive a super car to get far», chante Neil Tennant.

«Quelque chose me dégoûte dans les émissions comme MTV Cribs, raconte Lowe, avec sa voix murmurante. C'est un bon exemple de la cupidité qui a foutu la planète en crise. Et pour quoi, finalement? Pour boire le vin le plus chic dans la boîte la plus chic ou quelque chose du genre.»

Le refrain de Love etc. se termine par la phrase «Don't have to be beautiful/But it helps.» «Il fallait alléger ça, justifie Lowe. Après tout, nous faisons des pièces pop. Nous ne voulons pas parler comme des curés...»

Entre le rock et le ballet

Les Pet Shop Boys restent fidèles à eux-mêmes sur ce 10e disque studio. Neil Tennant chante toujours avec la même voix placide sur des mélodies pop dansantes et habilement économes. Quelques nouveaux collaborateurs apparaissent aussi.

Parmi eux, Owen Pallett (Final Fantasy), qui signe des arrangements de cordes, et Johnny Marr (The Smiths) qui joue un peu de guitare et d'harmonica - toutes deux extrêmement subtiles. On dit à Lowe qu'on croyait qu'il n'aimait pas le rock. «Non, corrige-t-il. J'adore des groupes comme Kings of Leon et les Arctic Monkeys. Mon seul problème, c'est que les gens n'hésitent jamais à donner des bonnes critiques au rock, alors qu'ils se retiennent avec la pop dance, comme si c'était un style inférieur.»

Lowe choisit volontairement ce terme vague en réaction à ce qu'il qualifie «d'hyperspécialisation» des différents styles musicaux. «Même si je mène une petite vie tranquille, je sors quand même - je n'ai rien contre l'hédonisme! Et de plus en plus, je remarque que les boîtes collent à un genre précis. Tu vas entendre du dub, du drum n' bass ou du house.»

Les Pet Shop Boys devraient lancer une tournée mondiale d'ici quelques mois. Même si le duo ne peut rien confirmer, il prévoit se rendre à Montréal «comme d'habitude». Et idéalement ailleurs qu'à la Place des Arts, où les sièges empêchaient les spectateurs de danser lors de leur dernier passage, en octobre 2006.

En attendant, il travaille sur la musique d'un spectacle de ballet londonien. «Ce sera basé sur un conte d'Andersen. Lequel? Je ne peux pas encore le dire. Mais chose certaine, on utilise une nouvelle traduction anglaise qui rend mieux l'esprit du texte original.»

Il se qualifie d'amateur de ballet. «J'aime surtout les classiques, précise-t-il. Les oeuvres contemporaines me semblent un peu trop abstraites, trop bizarres. Est-ce que j'ai le droit de le dire?»