Beau Dommage a voulu laisser un bel héritage à ses admirateurs, et aux plus jeunes, avec le lancement mardi d'un coffret bien garni comprenant non seulement l'ensemble de son oeuvre, 73 chansons remasterisées, mais aussi 2 DVD et un album-souvenir pour souligner le 35e anniversaire de fondation du groupe.

L'album de famille, le titre du coffret, porte bien son nom car on y trouve un peu de tout pour les oreilles et les yeux.D'abord, pour la forme, le coffret est en fait une pochette d'album vinyle du bon vieux temps, qui tend vers le jaune pour faire vieux (jaune sépia).

Outre ce format «33 tours» (le support des albums de l'époque), les concepteurs ont eu d'autres bonnes idées pour satisfaire les acheteurs qui voudront plonger dans ce Québec musical des années 70.

En l'ouvrant, on trouve cinq CD - dont plusieurs chansons inédites - à gauche, et deux DVD, à droite de la «pochette 33 tours». Et au centre, c'est l'album-souvenir de bon goût qui résume assez bien, en une quarantaine de pages, l'histoire du groupe-phare québécois.

Outre les incontournables photos et textes de chansons, des artistes d'ici et d'ailleurs livrent des témoignages sur le groupe.

Serge Fiori, l'âme d'Harmonium, l'humoriste Clémence Desrochers, Jean-Jacques Goldman et même Stéphane Archambault, leader de Mes aïeux, livrent leur pensée sur le groupe et la contribution de la bande à la musique d'ici.

Les versions remasterisées permettront d'apprécier à leur juste valeur les chansons et la musique des Marie-Michèle Desrosiers, Pierre Bertrand, Réal Desrosiers, Robert Léger, Michel Hinton, Michel Rivard et Pierre Huet.

On compte huit chansons inédites mais Pierre Bertrand en note plutôt cinq, que personne - ou presque - n'a entendu jusqu'à maintenant.

Parmi les «nouveautés», on retrouve notamment Disneyland qui avait été composée avant le premier album et qui contient plein de références à certains héros populaires.

«On essayait alors de trouver une compagnie de disques, rappelle Pierre Bertrand, mais finalement, la chanson ne s'est retrouvée sur aucun album. Sauf que ça sonne Beau Dommage, première mouture», a-t-il dit.

Une autre, L'inconnu du terminus devrait aussi plaire aux fans mais certains l'ont déjà entendu dans l'un des spectacles du groupe.

La chanson Quand c'est le matin, un démo présenté à la maison RCA en 1973, a été reprise par Bertrand lui-même sur l'un de ses albums en solo.

Sur les DVD, les gens pourront voir des spectacles de même qu'un documentaire quand le groupe a refait surface en 1994 et, surprise, sa première participation à une émission de télévision Lise Lib, au cours de laquelle deux chansons étaient interprétées devant Lise Payette à Radio-Canada.

«C'était un peu inusité mais c'est un beau truc particulier, inédit et agréable à voir», estime Pierre Bertand qui, à l'instar des autres Beau Dommage, n'avait jamais pensé que le groupe était pour connaître une si grosse popularité.

«Au début, on rêvait de vendre quelques milliers de 33 tours. On était d'abord heureux d'entrer dans un studio professionnel. Puis, c'était plus pour faire écouter l'album aux amis et à la famille. Mais on a été agréablement surpris par l'ampleur du succès» a avoué Bertrand.

Mais la commande était grosse pour ces jeunes artistes québécois de l'époque. «Ce fut rapide, un peu trop rapide car on n'était vraiment pas prêt à faire des spectacles, à combler les attentes que les gens avaient par rapport à notre succès».

Les jeunes chanteurs et musiciens ont dû alors très tôt composer avec «la pression, le stress, le tract», dit-il.

Le groupe s'était éteint à la fin des années «70 mais était revenu dans la mêlée musicale plus tard, à quelques reprises.