Avec le rappeur Jay-Z, le groupe Vampire Weekend ou le duo MGMT déjà en tête des palmarès, une nouvelle troupe d'artistes venus de Brooklyn prend le monde musical d'assaut et prouve une fois de plus la capacité du quartier new-yorkais à être un incubateur de talents.

«Il y a une population de gosses qui vivent à fond des vies d'artistes, difficiles mais vraiment intéressantes», raconte à l'AFP lors d'un passage à Londres Caroline Polachek, chanteuse de Chairlift. Ce groupe a récemment été consacré par la firme Apple qui a utilisé le titre Bruises pour la publicité du dernier iPod Nano.

Chairlift vient de conclure une tournée en Grande-Bretagne, avec ses condisciples de School of Seven Bells et d'Apache Beat, quand leurs voisins MGMT, Santigold, Kid Cudi, ou même la britannique MIA qui s'est installée à Brooklyn depuis quelques années, continuent d'avoir les faveurs de la critique.

La réputation de Brooklyn comme pépinière de talents a commencé à émerger dans les années 1960, quand la scène alternative de New York, alors florissante dans l'East Village, s'est décentrée dans le quartier de Williamsburg pour échapper aux prix exorbitants de Manhattan.

«La facilité de l'accès à Brooklyn et les prix bon marché du logement ont créé les conditions de création d'une scène alternative et maintenant vous avez ces nouveaux centres au sein de Brooklyn, comme Bushwick, à l'est de Williamsburg», ajoute Caroline Polachek, rencontrée par l'AFP avant un spectacle londonien.

«Déménager là-bas signifie que vous allez payer le loyer le moins cher possible et vivre comme un pouilleux!» ironise-t-elle, faisant fi de l'image strass et paillettes véhiculée par certains artistes.

En parallèle de cette scène, le hip hop s'est lui développé, vers les années 1970, dans les quartiers afro-américains de Brownsvillet et Bedford-Stuyvesant, alors domicile des futures stars Jay-Z, Biggie Smalls et du boxeur Mike Tyson.

Avec une population de 2,5 millions de personnes, Brooklyn est comparable à des villes de la taille de Paris ou Chicago, avec un rayonnement culturel qui dépasse largement sa stature économique et politique.

«Les gens ne sont pas là pour faire de l'argent mais pour faire de la musique. Ils ne font que des choses pour lesquelles ils sont passionnés», idéalise Ilirjana Alushaj, chanteur d'Apache Beat.

La promiscuité des différents genres et la mixité des habitants de Brooklyn ont pour conséquence naturelle de produire des sonorités innovantes par rapport au reste de la production musicale, américaine et mondiale. Le groupe d'Ilirjana Alushaj, qui prend ses racines en Australie, en Serbie, en Espagne et en Ukraine, «n'entend pas immédiatement un rythme à quatre temps quand (on) écoute des percussions», selon le musicien.

Cette communauté bohème craint cependant la gentrification du quartier, certains artistes évoquant un départ possible à Berlin, nouvelle Mecque des artistes indépendants.