Mélangez Tom Waits, M.I.A., Ol' Dirty Bastard, John Frusciante, Karen O et plus d'une trentaine d'autres artistes avec de la sauce brésilienne et vous obtiendrez la substance tonifiante concotée par N.A.S.A. Le duo déversera son cocktail des plus bizarroïdes sur les planches de la Sala Rossa mardi.

La trajectoire de Squeak E. Clean, DJ new-yorkais de renom, a croisé celle de DJ Zegon, ancien skateboarder professionnel brésilien, grâce à leur passion commune pour le funk brésilien et le hip-hop. Le concept des deux créateurs de N.A.S.A. (North America, South America) était de réunir une quarantaine d'artistes invités sur un même disque. Cinq ans et demi de travail et de recherches ont été nécessaires pour que la soucoupe volante The Spirit of Apollo décolle enfin.

«Ça nous a demandé beaucoup de patience, indique Sam Spiegel, alias Squeak E. Clean, entre deux bâillements. Nous ne faisions qu'envoyer des lettres pour expliquer notre projet. La plupart des gens ont accepté, d'autres n'ont même pas répondu.»

Les deux astronautes du hip-hop ont parcouru l'Amérique pour rencontrer tous les artistes qui se retrouvent sur leur album. Les enregistrements ont eu lieu dans des studios en Jamaïque, au Brésil et partout aux États-Unis.

Selon Sam Spiegel, le plus difficile a été de coordonner les séances d'enregistrement. Plusieurs années de négociations ont été nécessaires pour convaincre Chuck D, fondateur du groupe hip-hop Public Enemy, de participer à l'ambitieux projet. «Nous aurions aimé avoir beaucoup plus d'artistes sur le disque, dit-il. C'est extraordinaire de choisir les musiciens avec qui l'on travaille et de voyager partout dans le monde pour enregistrer avec eux.»

Ce périple a aussi été l'occasion de réaliser des rêves de jeunesse. Squeak E. Clean a grandi à Brooklyn au son des rythmes de Wu-Tang Clan. Ol' Dirty Bastard leur a offert une de ses dernières performances avant de mourir d'une surdose en 2004. Ils ont aussi collaboré avec RZA, membre fondateur du célèbre clan. «C'était mon rêve et je l'ai réalisé! s'exclame Spiegel. C'est un musicien extraordinaire et un visionnaire.»

Unité!

Le concept derrière cette production profondément hédoniste est de rassembler des artistes et de prouver qu'il est possible d'atteindre l'unité grâce à la musique. «Nous ne voulions pas faire une version hip-hop de We Are the World, ironise Squeak E. Clean. Mais l'idée était d'aller au-delà des frontières raciales ou politiques. Nous voulions néanmoins avoir un impact positif comme l'a eu USA for Africa

Le concept a charmé la panoplie d'artistes participants. Ce n'est pourtant pas le cas de certains critiques. Il y a quelques semaines, le magazine Pitchfork donnait au disque la cote de 1.6/10 pour manque de direction musicale. «Je n'ai pas lu la critique et je ne suis pas fâché. En fait, je crois que c'est très cool de recueillir aussi peu de points. J'en suis même fier!»

Même s'il est impossible de réunir tous les artistes présents sur The Spirit of Apollo en tournée, le duo compte bien plonger les Montréalais dans un univers de science-fiction groovy. «Nous engageons des danseurs extra-terrestres de différentes parties de l'univers, affirme Sam Spiegel avec le plus grand sérieux. Ils s'unissent pour une fête intergalactique. Le public doit se préparer à être transporté dans une nouvelle galaxie.»

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N.A.S.A. se produit ce soir, 21  h, à la Sala Rossa.