Choisie parmi les révélations Radio-Canada Musique 2008, la pianiste de jazz Chantale Gagné a toutes les raisons de rayonner. Encore peu connu chez elle, le trio de la musicienne réunit une des meilleures sections rythmiques de New York, où elle réside depuis un an et demi. Histoire d'un parcours exemplaire.

Que les jazzophiles en prennent bonne note, le trio régulier de Chantale Gagné comprend le contrebassiste Peter Washington et le batteur Lewis Nash, parmi les meilleurs sidemen connus dans la Grosse Pomme. Et ils seront aux côtés de la pianiste québécoise à l'Espace Dell'Arte, mercredi prochain.

 

«Je n'ai pas eu besoin de les convaincre. Peter Washington avait entendu parler de moi en bien, il m'a tout de suite dit oui lorsque je l'ai contacté afin qu'il joue sur mon album. Puis, il a lui-même approché Lewis Nash pour qu'il se joigne à nous. Ça a été très simple, somme toute.» Silent Strenght a été enregistré il y a deux ans. Chantale Gagné n'avait alors que 26 ans. On imagine que la technique de la jeune femme a encore pris du mieux en une paire d'années.

Pour faire sa place à Manhattan, la pianiste avait parfaitement saisi qu'il lui fallait un talent d'entrepreneure en plus de faire face à la compétition féroce qui prévaut là-bas: «J'ai dû trouver les fonds nécessaires à la sortie de cet album. Je n'ai toujours pas de distribution physique au Canada mais on peut trouver l'enregistrement sur iTunes. De plus, l'agrégateur CD Baby l'a suggéré à plusieurs autres plateformes légales de téléchargement», indique la pianiste et businesswoman, visiblement heureuse dans la métropole du jazz.

«On finit par y connaître pas mal de monde. C'est assez facile d'y rencontrer des musiciens, la plupart d'entre eux sont ouverts et curieux. Au départ, je m'attendais à ce que ce soit plus difficile d'y faire ma place. Bien sûr, il y a des sous-groupes comme dans tous les milieux, mais j'estime avoir joui d'un bel accueil. À moins d'avoir une super offre ailleurs, je ne vois pas pourquoi je quitterais New York. Je n'ai pas encore été embauchée par un gros nom, mais mon travail commence à être connu.»

Un goût pour l'harmonie

Originaire de Princeville dans les Bois-Francs, Chantale Gagné a dû gravir les échelons un à un. «Dès l'âge de 8 ans, raconte-t-elle, je jouais de l'orgue. J'ai commencé le piano vers l'âge de 15 ans, j'ai fait 2 ans de musique classique, mais j'ai rapidement choisi le jazz comme l'a fait mon frère (Mathieu Gagné), devenu contrebassiste. Au collège Marie-Victorin, j'ai étudié avec James Gelfand, que j'ai adoré, puis j'ai poursuivi mes études à l'université McGill. Jan Jarczyk, Jeff Johnston, Rémi Bolduc et André White y ont été mes professeurs les plus marquants.»

La pianiste a gradué en 2003, après quoi elle a passé quelques années à faire de l'alimentaire dans la région montréalaise. «C'est l'aventure qui m'a menée à New York. J'y suis partie en 2007. Afin d'obtenir mon visa d'artiste, j'ai présenté moi-même un dossier sans embaucher un avocat. J'en suis vraiment fière.»

Inutile de préciser que la musicienne ne cesse de répéter afin de hausser son niveau de jeu, et d'ainsi mener une carrière internationale.

«J'essaie d'écouter le plus de pianistes possible pour arriver à mes fins: mes préférés sont Bill Evans, Wynton Kelly, Red Garland, Tommy Flanagan et Kenny Barron. Des pianistes harmoniques? Effectivement. Pour moi, l'harmonie c'est très important, j'aime aussi la musique de piano classique - Schumann, Chopin, Rachmaninov, etc. À mon avis, il est important d'être influencé par d'autres musiques de piano, au-delà du jazz.»

À Montréal, Chantal Gagné était une illustre inconnue hors de la scène locale jusqu'à ce que l'animateur André Rhéaume suggère sa candidature, retenue parmi les six révélations Radio-Canada Musique 2008.

Devinez pourquoi...

Le trio de Chantale Gagné se produit mercredi, 20h, à l'Espace Dell'Arte. Informations et billets: Admission (514-790-1245)