The Annie Lennox Collection devait être lancé l'été dernier, mais la chanteuse n'avait pas la santé pour en faire la tournée de promotion. Elle pouvait à peine marcher. «J'ai été opérée au dos, mais c'est mon pied qui me fait souffrir, explique Annie Lennox, qui a aujourd'hui 54 ans. Mon nerf sciatique était coincé, donc mon pied était paralysé. Maintenant, il peut bouger, mais ce n'est pas à 100%. Ce sera une longue convalescence.»

La compilation de ses plus grands succès est finalement sortie mardi dernier. L'album comprend deux nouvelles reprises et 12 titres marquants de Lennox, qui vont de Why à Sing, en passant par Love Song for a Vampire, qui a servi à la bande originale du film Dracula de Francis Ford Coppola.

Le choix n'a pas été difficile pour l'artiste d'origine écossaise. «J'ai fait une liste de toutes mes chansons. Je savais celles qui devaient être là. Ce sont des classiques, les gens s'attendent à ce qu'elles soient là», a-t-elle expliqué récemment à La Presse lors d'un entretien téléphonique.

Lennox a ajouté deux reprises inédites, deux pièces signées Ash et Tom Chaplin du groupe Keane. Elle n'a pas voulu y aller de sa propre plume. «Je n'étais pas dans l'état d'esprit pour écrire. J'ai choisi deux chansons que j'ai eu du plaisir à interpréter à ma manière.»

Ash a enregistré Shining Light en 2001. Dès la première écoute, Annie Lennox est tombée sous le charme du tube du trio pop-punk irlandais. «C'était durant les vacances, il y a plusieurs années, raconte-t-elle. C'était une journée pluvieuse, j'avais du temps pour flâner à l'intérieur et j'écoutais mon iPod. La chanson était dans ma liste, je l'ai écoutée, et je me suis dit: j'adore cette chanson. Je me suis mise à la refaire jouer sans cesse, en me disant que j'aimerais avoir la chance d'en faire ma propre version.»

Quant à Pattern of My Life, Ton Chaplin l'a écrite sans qu'elle soit destinée à Lennox. «C'était une sorte de démo. Quelqu'un m'en a parlé, me disant que c'était une chanson fantastique que je devrais écouter.»

Lennox reprend les deux titres à sa manière. Sa voix prend toute la place sur des arrangements pop aériens. Lors d'un passage récent à Good Morning America, la chanteuse a toutefois laissé de côté ses deux nouveautés, préférant interpréter une version acoustique de Walking On Broking Glass.

Quatre albums solo

Annie Lennox a lancé son premier album solo en 1992. Elle et l'autre moitié de The Eurythmics, Dave Stewart, avaient décidé de faire chemin à part, bien que leur relation professionnelle ait survécu à leur séparation amoureuse. Diva a connu un grand succès, propulsé par des hits comme Why et Walking On Broking Glass.

Trois ans plus tard, les critiques ont réservé un accueil mitigé à son album Medusa, composé uniquement de reprises, des Clash comme de Neil Young. Seule No More «I Love You's», d'un groupe obscur anglais nommé Lovers Speakers, a marqué la discrographie de Lennox.

En 1999, Dave Stewart et Annie Lennox ont ressuscité The Eurythmics avec l'album Peace, mais leur réunion artistique a été brève.

En 2003, Annie Lennox a renversé la critique avec Bare, son troisième album. Avec des chansons intimes et introspectives qui faisaient suite à son deuxième divorce, Lennox s'est mise à nu.

Ont suivi les chansons d'amour noires de Songs of Mass Destruction en 2007. L'album comprend la pièce Sing, dont tous les profits ont été versés l'organisme de lutte contre le sida que Lennox a fondé (voir détails plus loin dans le texte). Pour l'enregistrement de la pièce, Lennox avait réuni une imposante chorale de femmes, dont Madonna, Céline Dion, Shakira et Martha Wainwright.

Pour Annie Lennox, qui voit grandir ses deux adolescentes, ses quatre albums solo sont «des périodes de ma vie». «Quand tu es mère, tu te réfères beaucoup à tes enfants, explique-t-elle. Ils ont 4 ans, puis 8 ans, et entre les deux, tu fais de la musique.»

En novembre dernier, Lennox a reçu un prix de mérite aux American Music Awards. Après 26 ans de carrière et des tonnes de trophées, celle qui s'est fait connaître comme une femme fatale androgyne a 54 ans. «C'est bizarre pour moi de penser que j'ai presque 55 ans. Il y a des parties de moi qui ont 7 ans, d'autres qui sont adolescentes. Tout est encore là.»

«Mais il y a quelque chose de bien avec le temps qui passe et la fin d'un chapitre qui arrive, poursuit-elle. C'est le début de quelque chose de nouveau, tu ne sais pas ce qui s'en vient. En tout cas, j'aime faire de la musique et je vais continuer d'en faire tant que je le peux.»

Annie Lennox poursuit également la mission de sa campagne Sing, soit d'amasser des fonds destinés à lutter contre l'épidémie de sida en Afrique (www.annielennoxsing.com). Pourquoi cette cause plutôt qu'une autre? «C'est la cause qui m'a choisie», répond l'artiste.

C'était il y a six ans. Lennox participait au concert inaugural de la campagne 46 664 de Nelson Mandela, au Cap. «Je suis allée dans des hôpitaux et des orphelinats pour rencontrer des femmes et des enfants atteints du sida. J'ai pu voir comme la maladie avait balayé des générations. Et quand j'ai quitté l'Afrique du Sud, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose.»

«Je suis associée à cette cause pour le reste de ma vie», souligne-t-elle.

Et maintenant que son contrat avec Sony est terminé, est-il question d'un nouvel album? «Pour l'instant, je n'ai pas de plan, mais je vais absolument faire de la nouvelle musique. C'est une question de temps», dit Annie Lennox.

«La compilation est comme la fin d'un chapitre», conclut-elle.