Le géant allemand des médias Bertelsmann a tourné le dos mardi à son aventure dans la musique en laissant à son partenaire japonais Sony les rênes de Sony BMG, poids lourd mondial de l'industrie du disque.

Bertelsmann va céder à Sony sa part de 50 % dans la maison de disques commune, qui a dans son catalogue des artistes tels que Céline Dion, Bruce Springsteen, Justin Timberlake ou Alicia Keys, ont annoncé les deux entreprises dans des communiqués distincts.

Le groupe japonais a indiqué qu'au total, l'opération lui coûterait 600 millions de dollars en liquide.

Côté allemand, la valeur totale de la transaction pour Bertelsmann est estimée à 1,5 milliard de dollars, soit quelque 960 millions d'euros au cours de change actuel.

Une source bien informée a précisé que ce montant tenait aussi compte «d'effets fiscaux» favorables pour le groupe allemand.

La maison de disques sera renommée Sony Music Entertainment Inc.

Un porte-parole de Bertelsmann a assuré que le groupe, également présent dans la télévision (RTL) et l'édition (Gruner + Jahr, Random House), «n'abandonnait pas la musique».

La filiale de services de Bertelsmann, Arvato, va par exemple continuer à assurer avec Sony la distribution des produits de la «major» du disque.

Par ailleurs, Bertelsmann a fait savoir que s'il se retirait de l'activité de production musicale, il reprendrait en revanche certains catalogues européens de droits musicaux de Sony BMG, rassemblant 200 artistes.

Reste qu'avec la cession de sa part dans la maison de disques, le groupe allemand tourne bel et bien le dos à son aventure sur un marché de la musique toujours moins rentable, face notamment au téléchargement illégal.

Dès sa prise de fonction en décembre dernier, le patron de Bertelsmann Hartmut Ostrowski, qui traque sans relâche les activités les moins rentables de l'entreprise et a par exemple vendu ses clubs de livres hors d'Europe, avait remis en cause l'engagement dans l'industrie du disque.

Et il y a deux ans, Bertelsmann avait déjà cédé son catalogue de droits musicaux BMG Music Publishing à Vivendi.

Sony de son côté a désormais les coudées franches pour affronter son principal concurrent dans la musique, l'américain Universal.

La prise de contrôle va «nous permettre de présenter à nos consommateurs une offre de loisirs intégrale», a commenté le patron de Sony Howard Stringer, cité dans un communiqué.

Le groupe japonais entend combiner davantage à l'avenir son offre d'appareils électroniques avec son offre de contenu: musiques mais aussi films ou jeux vidéo, alors que les ventes en ligne explosent.

Fait curieux, le divorce entre les allemands et les japonais est prononcé alors que la justice européenne en est encore à examiner leur contrat de mariage.

La Cour européenne de justice avait demandé début juillet à son tribunal de première instance, qui avait annulé en 2006 le feu vert donné par la Commission au mariage Sony-BMG, de rejuger l'affaire... Une démarche désormais inutile.