L'Orchestre Symphonique de Montréal et son chef Kent Nagano se produisaient une seule fois cet été au Festival de Lanaudière: samedi soir, pour clore la 31e saison avec le Requiem de Verdi. La partie couverte de l'Amphithéâtre affichait «complet» depuis plusieurs semaines, ce qui assurait la présence de 2 000 auditeurs. Mais un orage vint gâcher le tableau: à travers les parapluies, on pouvait compter tout au plus 1000 personnes sur les pelouses.

Le Requiem de Verdi, cette sorte d'Aida à l'église, reste une oeuvre proche de l'opéra par sa théâtralité, ses airs et duos emphatiques et ses fracassants effets d'orchestre. Il est difficile de l'approcher autrement et si on refuse cette évidence, le résultat risque d'être peu convaincant. C'est ce qui s'est passé samedi soir, sous la baguette de Kent Nagano.

L'ensemble de ces 82 minutes sans entracte s'est finalement ramené à peu de chose. Nagano a obtenu de l'OSM et du choeur de 150 personnes une lecture misant sur les pianissimos à la limite de l'audible et sur les fortissimos les plus explosifs. Mais ces détails ne font pas le Requiem le plus dramatique, le plus émouvant ou le plus bouleversant qui soit. Il manquait là une pensée, une unité et, comme si souvent, une âme.

Pour l'ensemble, l'OSM était en forme, avec des cordes toujours magnifiques, si l'on excepte des violoncelles assez faux au début de l'Offertorio. Plusieurs solos à signaler, notamment chez le basson, et presque 10 sur 10 aux trompettes qui se répondaient aux quatre coins de l'Amphithéâtre. Mais la grosse caisse, si importante ici, sonnait étrangement éteinte. Choeur énergique: rien d'autre à dire.

Des quatre solistes, le plus impressionnant fut John Relyea, colosse à la voix terrifiante et le seul possédant une vraie présence de soliste. June Anderson remplaçait à quelques jours d'avis la soliste annoncée, Sondra Radvanovsky. C'est une voix de 56 ans que nous écoutions, une voix sans timbre particulier, une voix qui ne nous fait jamais vibrer, mais qui est encore capable d'atteindre un vrai si bémol aigu sans truquer. Deux inconnus complétaient le quatuor: Elena Maximova, mezzo russe, grosse voix style Lady Macbeth et prononciation latine empâtée, et Arturo Chacon-Cruz, ténor mexicain petit format, voix juste mais style larmoyant.

La ministre Monique Jérôme-Forget assistait au concert.

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MESSA DA REQUIEM, pour quatre voix solistes, choeur et orchestre (1874) (Verdi). Orchestre Symphonique de Montréal et Choeur Saint-Laurent (dir. Marika Kuzma). Solistes: June Anderson, soprano, Elena Maximova, mezzo-soprano, Arturo Chacon-Cruz, ténor, et John Relyea, basse. Dir. Kent Nagano. Samedi soir, Amphithéâtre de Lanaudière. Dans le cadre du 31e Festival de Lanaudière.