La situation a fait grincer des dents dans les rangs nationalistes: c'est un Anglais qui sera la tête d'affiche du 400e anniversaire de la ville de Québec. Mais Paul McCartney n'a que faire de la controverse. Pour lui, seul le spectacle compte. Après tout, dit-il, «c'est pour ça que je suis là».

Ne cherchez pas Paul McCartney sur le terrain politique, lui qui ne vit que pour la musique. Les quelques voix discordantes qui se font entendre à cause de la présence de cet «Anglais» au 400e anniversaire du fait français en Amérique n'altèrent pas son plaisir de nous offrir «une bonne soirée» demain. Une soirée dont on se souviendra encore aux fêtes du 500e!

«On m'a demandé de venir à Québec pour célébrer ce bel anniversaire en faisant passer une bonne soirée aux gens. Pour moi, c'est bien plus un party qu'une occasion de livrer un message politique. Je ne suis pas assez informé sur les enjeux politiques au Québec pour me prononcer. Si j'estime que je suis suffisamment informé sur tel ou tel sujet, alors je peux m'en mêler. Mais je déteste m'avancer à l'aveuglette (half-baked). J'évite de me lancer dans des déclarations alors que je ne sais pas de quoi je parle», a déclaré avec une belle franchise Paul McCartney, que Le Soleil a joint hier par téléphone.

Sollicité de nouveau pour souligner l'aspect français de la fête, il ajoutera: «J'aime la langue française. J'aime toutes les langues, et je crois qu'il est très important de les préserver!»

Paul McCartney vient donc chez nous pour fêter, sans arrière-pensée. Mais il était déjà avec nous en pensée, hier matin, au cours de l'entrevue, qui a duré beaucoup plus longtemps que prévu. Paroles d'un homme généreux de son temps, de ses confidences et de ses souvenirs.

«Lorsque mes promoteurs m'ont fait part de la demande de Québec, j'ai demandé s'il y avait une occasion spéciale. Ils m'ont répondu: «C'est pour le 400e anniversaire de la ville.» Et j'ai dit: «Wow, c'est fascinant! Et en plus, je ne suis jamais allé dans cette ville...» Ce qui m'a décidé, c'est vraiment le fait que vous fêtez vos 400 ans, et ce ne sont pas toutes les villes qui peuvent en dire autant. C'est votre anniversaire, et j'aime cette idée de venir vous voir et prendre part à vos célébrations», a dit McCartney.

Le spectacle

De quoi sera fait le spectacle de demain? «Je ne dévoile jamais mon programme, parce que je crois que les gens préfèrent les surprises. Je peux seulement vous dire que nous avons répété quelques pièces intéressantes qui, je crois, plairont aux gens. Mais je ne vous en dirai pas davantage, justement pour ne pas briser l'effet de surprise!» déclare l'ex-Beatle sur un ton détendu et enjoué.

Personne ne sera surpris d'entendre l'ex-Beatle reprendre plusieurs chansons des Fab Four. «Lorsque je les reprends, cela me fait vraiment du bien. Pour moi aussi, c'est une redécouverte, parce que j'ai écrit ces chansons alors que j'étais très jeune. Je n'avais guère plus de 20 ans quand j'ai composé la plupart d'entre elles. Bien sûr, je ressens un peu de nostalgie lorsque je les chante, comme c'est arrivé cette semaine, en répétition. Je revoyais clairement les moments où nous les avons écrites et enregistrées. Et ce sera pareil sur scène...»

Les fans québécois des Beatles seront-ils exaucés, eux qui ont fait parvenir à Paul la semaine dernière une demande toute spéciale, soit la chanson Beautiful Night? Il ne l'a jamais faite en spectacle. «J'aurais aimé en entendre parler plus tôt. Malheureusement, nous avons terminé nos répétitions, et nous n'avons pas travaillé cette chanson. Elle ne sera donc pas au programme. Mais nous la ferons certainement... quand nous reviendrons!» a ajouté Sir Paul, d'un ton badin qui ne laisse qu'un mince espoir de le revoir dans les parages...

Des amis québécois

Paul McCartney a très hâte de revoir ses amis québécois dans leur home town, un lieu qu'il n'a jamais visité. Une occasion unique, donc. «Plusieurs amis québécois vont venir me voir avant le spectacle. Ce sera super! Certains sont de vieilles connaissances, alors que j'en ai connu d'autres à Las Vegas, lorsque le Cirque du Soleil a monté Love. Gilles Sainte-Croix est un gars cool, et il va venir à mon spectacle. Il est très talentueux et c'est un chic type. À Vegas, j'ai aussi fait la connaissance du metteur en scène Dominic Champagne et de nombreux artisans francophones du Cirque. Ils sont tous devenus de bons amis!»