Il est et sera toujours, aux yeux de certains, le chanteur de Beau Dommage, mais n'allez surtout pas suggérer à Michel Rivard qu'il est un dinosaure, il n'apprécierait pas.

«Un dinosaure n'évolue pas, il ne se réinvente pas, il surfe sur son succès passé, a-t-il lancé récemment, en entrevue au quotidien La Voix de l'Est. Moi, j'ose dire que j'ai toujours continué à évoluer, j'ose dire que j'ai pris des risques tout au long de ma carrière après Beau Dommage. Non, je ne suis pas un dinosaure!»

Après un an et demi à promener son spectacle Confiance ici et là au Québec, Michel Rivard s'apprête à clore sa tournée le mercredi 23 juillet, à Cowansville, dans le cadre du Festival Musique en Vue. C'est lui qui inaugurera le 17e festival.

«Ça risque d'être spécial, a-t-il confié. Le dernier spectacle d'une tournée, c'est toujours particulier. La «gang» se sépare et on est tous un peu tristes. Mais une fois sur scène, on se défonce, on veut se rappeler longtemps de ce dernier rendez-vous.»

Il sera sans doute intéressant de voir comment l'auteur-compositeur-interprète adaptera Confiance, un album somme toute tranquille, à l'ambiance rock du Festival Musique en Vue.

«Confiance, ce n'est pas du gros rock, c'est vrai, mais c'est un album qui a cette faculté de pouvoir s'adapter à tous les contextes, à toutes les ambiances. Ça va brasser plus (qu'on) ne pourrait le penser.»

Michel Rivard pensera également à ceux qui se rendront au spectacle d'abord et avant tout pour entendre du vieux Rivard et du Beau Dommage. Il n'a pas du tout l'intention de renier son passé.

«À une certaine époque, je l'avoue, je n'avais plus envie de chanter mes vieux trucs, a-t-il admis. Etait-ce du snobisme? Etait-ce tout simplement de l'écoeurement? Je ne sais pas. Mais à un moment donné, je me suis rendu compte que je boudais mon plaisir, en plus de bouder celui du public. J'étais dans le champ et j'ai fini par m'en rendre compte.»

Michel Rivard promet donc d'interpréter La complainte du phoque en Alaska ou Je voudrais voir la mer pendant le dernier spectacle de sa tournée.

«L'autre soir, je suis allé voir James Taylor au Centre Bell. Une belle soirée, un «show» écoeurant. Mais s'il n'avait pas chanté Fire and Rain et Handy Man, j'aurais été frustré. Ce qui fait que je comprends le public d'être déçu quand je ne fais pas telle toune qu'il adore ou telle toune qui lui rappelle telle période de sa vie. Il faut se respecter en tant qu'artiste, mais il faut aussi respecter ceux qui font que tu es toujours là après toutes ces années.»

Se respecter en tant qu'artiste, selon Michel Rivard, c'est aussi faire ce que l'on veut quand on le veut. Évidemment, il avouera que ce n'est pas tout le monde qui peut se permettre un tel luxe.

«Quand je regarde en arrière, je constate que je me suis toujours laissé guider par la vie, a-t-il souligné. Je n'ai jamais vraiment forcé les choses, je les ai toujours laissé arriver. Quand on m'a proposé de faire du théâtre, j'en ai fait. Quand on m'a proposé d'écrire pour le cinéma, je l'ai fait. Je me laisse guider et je te dirais franchement que j'ai rarement été déçu par la vie.»

À 56 ans, bientôt 57, il assume totalement son rôle de modèle. Encore récemment, il a été «parrain» des participants au Festival de la chanson de Petite-Vallée.

«J'aime le contact des jeunes, j'aime parler avec eux, j'aime savoir comment ils voient la musique comparativement à moi, qui viens d'une autre époque. Et je suis toujours content quand l'un d'eux me dit que Beau Dommage ou moi avons été une influence dans leur carrière.»

À Musique en Vue, mercredi, il sera précédé sur scène par Dumas, un jeune qu'il admire.

«Il a amené quelque chose de nouveau dans notre paysage musical et c'est ce que j'aime le plus présentement au Québec. Tous les courants sont représentés, sans exception. Bien sûr, tous n'ont pas la même diffusion mais avec Internet, aujourd'hui, tout le monde peut se faire entendre. On aime dire que ça va mal, que les gens n'achètent plus de musique, mais il faut aussi parler de ce qui va bien!»