Le journaliste d'investigation monténégrin Jovo Martinovic, qui a passé près de quinze mois en détention pour avoir enquêté sur les trafics et la corruption dans son pays des Balkans, est le lauréat 2018 du prix Peter Mackler qui récompense le courage et l'éthique journalistique.

Ce journaliste de 44 ans qui a travaillé pour de nombreux médias internationaux comme la BBC, la radio américaine NPR, la chaîne française Canal Plus et les journaux The Economist ou The Financial Times, est «connu pour sa couverture complète du crime organisé en Europe et des criminels de guerre dans les Balkans», selon le site internet du Prix Peter Mackler.

«Je ne peux pas imaginer plus bel hommage, en cette dixième année du prix, que de saluer les réalisations d'un journaliste qui a courageusement, et au prix de sacrifices personnels, dévoué sa vie à rapporter la vérité sur cette partie du monde», a déclaré Camille Mackler, directrice du Prix Peter Mackler au sein de l'association Global Media Forum.

«Les médias sont attaqués comme jamais auparavant, et en cette période de turbulences pour l'ordre mondial, il est plus important que jamais de rappeler les principes d'un journalisme éthique et courageux. Jovo Martinovic a fait preuve de ces qualités sans relâche en se battant pour exercer son métier», a-t-elle ajouté.

Le lauréat avait été arrêté en octobre 2015 par les autorités du Monténégro, accusé d'appartenir à un réseau de trafic de drogue. Son arrestation avait suscité la condamnation d'ONG internationales.

Il a toujours rejeté les accusations, affirmant que ses contacts avec les milieux criminels étaient uniquement professionnels, pour son travail de journaliste. Il travaillait en effet sur le gang international des «Pink Panthers», composé de braqueurs de l'ex-Yougoslavie, auquel on attribue une centaine d'attaques de bijouteries dans le monde.

Jovo Martinovic avait finalement été remis en liberté provisoire en janvier 2017, après 15 mois de détention. Mais il doit encore être jugé, et risque jusqu'à dix ans de prison en cas de condamnation.

Sous contrôle judiciaire, privé de son passeport, il n'a pas pu reprendre son travail de journaliste à plein temps. Et il ne pourra donc pas se rendre à la cérémonie de remise du prix, le 27 septembre à New York.

«Honoré», il a estimé que ce prix était «un grand encouragement à poursuivre dans la voie du journalisme malgré tous les obstacles» auquel il est confronté, avec ses confrères, au Monténégro et dans les Balkans.

Le prix Peter Mackler a été créé à la mémoire de l'ancien rédacteur en chef de l'AFP pour l'Amérique du Nord, brusquement décédé en 2008. En plus de son infatigable passion pour l'information, Peter Mackler avait fondé le Global Media Forum, une organisation à but non lucratif pour enseigner le journalisme à travers le monde et initier les enfants aux grands principes de la profession. Il aurait eu 69 ans ce mercredi.