Fière d'être la première femme nommée à la direction de l'information de Radio-Canada, Luce Julien dit entreprendre un «mandat de continuité», dans une société qui «va bien», mais qui fait tout de même face à son lot de défis.

La direction générale de l'information à Radio-Canada, «c'est plus de 800 employés, c'est toutes les affaires publiques, la radio, la télé, l'ensemble des reporters "multinationaux", et c'est aussi de gérer les politiques journalistiques pour l'ensemble du pays». Après avoir énoncé l'imposante description de tâches de sa nouvelle fonction, Luce Julien dit se sentir «bien, très contente et très fière».

Après un passage de deux ans à la tête de la salle de rédaction du Devoir, qu'elle a dirigée lors du lancement de son nouveau site web et de l'application mobile, c'est un retour au bercail pour celle qui a déjà passé 23 ans de sa carrière à Radio-Canada, où elle a notamment créé les émissions 24/60 et RDI économie.

Une autre femme dans les hauts rangs

Alors que Catherine Tait a été désignée pour prendre les commandes de CBC/Radio-Canada en tant que présidente-directrice générale, la nomination de Luce Julien place ainsi une autre femme dans les hauts rangs de la direction de la société d'État.

La nouvelle directrice de l'information estime que Radio-Canada en fait beaucoup, depuis plusieurs années, pour que les femmes occupent leur juste place à la société d'État. «Il y a beaucoup de cadres supérieurs qui sont des femmes ici», souligne-t-elle. L'équipe de la haute direction du diffuseur, par exemple, est composée de cinq femmes sur neuf membres.

Elle-même a été première directrice des nouvelles multiplateformes et de l'actualité numérique. 

«Je ne suis pas en train de nier le plafond de verre, il est là, il est documenté [...], mais les choses ont évolué dans le bon sens.»

Les défis de Radio-Canada

C'est avec une pleine confiance, semble-t-il, que Luce Julien entreprend la mission de taille qui l'attend. Elle veut mettre à profit son «leadership rassembleur» et dit entreprendre un «mandat de continuité», car «Radio-Canada va bien», avance-t-elle.

Elle sait toutefois qu'elle devra réagir face à des habitudes de consommation de l'information en mutation. «Je sais dans quel monde on évolue en 2018», souligne Mme Julien.

Car bien que Radio-Canada soit privilégiée par un financement gouvernemental, la société «n'est pas complètement en dehors du système» et n'échappe pas à cette métamorphose de la sphère de l'information, affirme Luce Julien. Consciente que la crise frappe plus durement les médias écrits, elle observe néanmoins que «tout l'écosystème a changé», ce qui commande une évolution dans la création et la diffusion de contenu.

Et puisque Radio-Canada se déploie tant à la télévision qu'à la radio et sur le web, la société «doit produire du contenu sur toutes ces plateformes», dit Mme Julien, afin que le public soit bien servi, peu importe où il préfère s'informer, un mandat que tous les médias n'ont pas. À l'heure actuelle, «je vais commencer par arriver [...] et, graduellement, voir les changements qu'on pourrait apporter», ajoute-t-elle.

Luce Julien succédera à Michel Cormier le 31 juillet prochain. D'ici là, ils travailleront conjointement, jusqu'à ce que l'ancien directeur parte à la retraite.