Le groupe médiatique Vice Media, producteur de magazines télévisés à succès, a présenté ses excuses samedi après une enquête du New York Times révélant une culture du harcèlement sexuel au sein de la société en forte croissance.

Le quotidien, s'appuyant sur les interviews d'une centaine d'employés actuels et anciens de Vice, a révélé samedi que la société avait signé quatre accords à l'amiable avec des employés pour résoudre des accusations de harcèlement sexuel ou de diffamation, avec le versement d'indemnités.

Plus d'une vingtaine de femmes, la plupart âgées d'une vingtaine ou trentaine d'années, ont aussi témoigné avoir subi ou observé des comportements sexuels déplacés, de baisers forcés à des avances sexuelles.

Trois employés de Vice ont été licenciés à la suite de ces faits, a annoncé Vice dans un communiqué.

«Du plus haut au plus bas niveau, nous avons échoué, en tant qu'entreprise, à créer un environnement de travail où chacun, et en premier lieu les femmes, s'estime respecté et capable de réussir», ont déclaré les cofondateurs de la maison de production, Shane Smith et Suroosh Alvi, dans un message à leurs salariés republié par le Times.

Faute d'avoir adopté de nouvelles règles internes au fil de sa croissance fulgurante, ils reconnaissent avoir laissé se développer une culture machiste de «boy's club».

«Cela s'est produit sous notre responsabilité, et nous avons abandonné trop de gens. Nous sommes réellement désolés», écrivent les deux patrons.

«Nous souhaitons leur présenter nos excuses les plus sincères, ainsi qu'exprimer notre grand regret d'avoir contribué à perpétuer le sexisme au sein du secteur médiatique et de la société en général», ajoutent-ils.

Ils ont également annoncé une série de réformes internes, comme l'embauche d'une nouvelle directrice des ressources humaines et la nomination d'un conseil consultatif incluant notamment la figure féministe Gloria Steinem.

Vice Media, née d'un magazine montréalais gratuit et transformé depuis dix ans en compagnie mondiale de 3000 employés, produit notamment une émission de reportages chocs pour la chaîne HBO.

Parmi les quatre affaires ayant fait l'objet de versements, le dirigeant Andrew Creighton a versé 135 000 dollars à une ancienne salariée qui affirmait avoir été licenciée pour avoir refusé de coucher avec lui, selon le New York Times.