Le Bureau de l'ombudsman de Radio-Canada a rendu public mercredi matin son rapport de révision du reportage de Louis-Philippe Ouimet, portant sur les allégations d'abus de pouvoir et de harcèlement psychologique à l'encontre du comédien Gilbert Sicotte, concernant ses fonctions de professeur au Conservatoire d'art dramatique de Montréal. Le reportage présenté au Téléjournal, le 15 novembre dernier, a fait l'objet de plus de 100 plaintes à Radio-Canada.

Dans un minutieux rapport de 10 000 mots, intitulé Parlons de l'"Affaire Sicotte", l'ombudsman Guy Gendron retrace le fil des événements ayant mené à la diffusion du reportage. Il résume le contenu des plaintes et expose la démarche du journaliste. Ce dernier a commencé à travailler sur ce dossier en août dernier, après avoir reçu un premier courriel dénonçant les méthodes d'enseignement de Sicotte. De la préparation du reportage à sa durée, en passant par le montage et l'encadrement éditorial, l'ombudsman défend l'intérêt public du reportage et récuse les accusations de chasse aux sorcières ou de sensationnalisme. « En vertu de quel principe le harcèlement psychologique serait-il aujourd'hui une simple affaire privée devant échapper à la sphère de l'intérêt public ? Pourtant, il y a 15 ans que l'Assemblée nationale du Québec a adopté une loi pour l'interdire sur les lieux de travail, y compris dans les institutions d'enseignement. »

Autre époque, autres moeurs journalistiques

Dans le contexte actuel des dénonciations d'inconduites sexuelles et de harcèlement psychologique, M. Gendron soutient que « l'évolution de la société amène une relecture constante de ce qui sépare les comportements acceptables de ceux qui ne le sont pas. À une autre époque, l'inceste était considéré comme une affaire privée. La violence conjugale également. Il y a à peine quelques décennies, la conduite en état d'ébriété, l'intimidation, la discrimination, la contraception, l'avortement, la mort assistée, l'homophobie ou le sexisme faisaient partie de ces choses dont il valait mieux ne pas trop parler. »

Dans la conclusion de sa révision, l'ombudsman tranche en coupant la poire en deux : « Le reportage du journaliste Louis-Philippe Ouimet sur ICI Radio-Canada Télé (...), a respecté les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada. L'encadrement éditorial de la démarche journalistique, par ailleurs exemplaire, me semble avoir malheureusement failli au tout dernier moment, ce qui a faussé la perception de nombreux téléspectateurs quant aux motivations du journaliste, à la crédibilité du reportage et à l'intérêt public du sujet. »

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