Hors-séries et numéros spéciaux dans les kiosques, documentaires inédits, émissions de radio: 20 ans après sa disparition tragique le 31 août 1997, Lady Diana demeure un filon pour de nombreux médias européens qui parient sur l'engouement intact du public pour la «princesse des coeurs».

En Grande-Bretagne, Diana continue d'offrir de grands tirages aux journaux et magazines, à grands renforts d'éditions spéciales à l'approche de l'anniversaire: «La pétillante Diana: l'ultime femme aux perles. Magnifique supplément à l'intérieur!», annonçait récemment le Daily Mail en Une.

Si l'Italie semble porter peu d'intérêt à cette date anniversaire, les médias d'autres pays européens prévoient d'y accorder une large place.

«Nous prenons cet anniversaire très au sérieux, affirme Ewa Wieczorek, rédactrice en chef du magazine polonais féminin Wysokie Obcasy. Diana fait la couverture de notre édition du mois d'août. Les Polonais sont encore fascinés par elle, presque un million d'entre eux vivent au Royaume-Uni.»

En Bulgarie, le populaire hebdomadaire 24 Tchassa n'a pas attendu le jour J. Dans son édition de la semaine passée, cinq pages ont déjà été consacrées à Diana.

«Sa vie et les circonstances de sa mort intéressent toujours le public. C'est pour ça qu'on voulait être les premiers à offrir une large couverture», explique le rédacteur en chef Borislav Zumbulev.

Le temps de l'examen

En France, la télévision publique a décidé de miser tout autant sur ce tragique anniversaire: France 2 mobilisera son antenne le 27 août pour une journée spéciale Diana. Au programme, plusieurs documentaires et une enquête diffusés en après-midi et en soirée.

«La mort de Lady Di a entraîné une totale sidération. Vingt après, il est temps de faire l'examen de ce qu'elle a apporté à la monarchie en supplément d'âme et qui elle était vraiment», dit un des présentateurs de la chaîne Stéphane Bern, qui participe aussi à deux hors-séries «spécial Diana» des magazines Jours de France et Télé-Loisirs.

«Diana est au panthéon populaire, avec le même destin tragique que Grace Kelly, Marilyn Monroe ou la reine Astrid de Belgique. Elle est à la fois la star universelle, la princesse sacrifiée, héroïne malgré elle d'un conte de fée qui s'est mal fini. La tragédie de sa vie l'a rendue immortelle dans les coeurs», estime ce spécialiste des têtes couronnées.

Pour Matthias Gurtler, directeur de l'hebdomadaire Gala qui propose un hors-série, la popularité de Diana demeure extrêmement forte: «L'attraction du grand public pour le gotha d'aujourd'hui est directement liée à celle qui a cassé les codes d'un univers compassé et figé».

«Intérêt cannibale»

La journaliste polonaise Ewa Wieczorek abonde: «Diana a profondément influencé la famille royale et l'évolution de la monarchie. Elle a élevé ses fils pour qu'ils restent proches des gens, elle leur a appris que ce n'était pas mal de montrer ses émotions, loin de la raideur qui caractérise l'ancienne génération. Il n'y a qu'à voir comment le Prince William se montre chaleureux avec ses enfants».

Lisbeth Bischoff, experte de la famille royale pour la chaîne publique autrichienne ORF qui diffusera un documentaire qu'elle a produit, Diana - Forever and ever, juge que «la fascination persistante suscitée par Lady Di résulte de son destin tragique, celui d'une femme tiraillée entre la monarchie, son altruisme et la pression des médias».

Un avis partagé par le psychanalyste et réalisateur français Gérard Miller qui propose une lecture clinique du destin de Lady Di, «non pas comme un conte de fée à la fin triste, mais comme une tragédie qui ne pouvait que se terminer mal», dans un documentaire pour la télévision française.

«La dernière année de la vie de Diana a été suicidaire. Chaque décision la conduisait vers une issue fatale, explique-t-il. Le 20e anniversaire provoque une nouvelle "Diana-mania"». Ce qui plaît, c'est que ça se finit mal. Nous aimons d'autant plus les princesses quand elles meurent, avec un intérêt cannibale: les gens n'aiment pas les princesses heureuses».