La liberté de la presse dans le monde a de nouveau reculé en 2016, mise à mal par les dirigeants de nombreux pays, selon le rapport annuel, publié vendredi, de l'organisation américaine Freedom House, qui craint que la détérioration ne se poursuive.

Environ 45% de la population mondiale vit dans un pays où la presse n'est pas libre, indique Freedom House, dont l'indice mesurant la liberté de la presse au niveau mondial est au plus bas depuis 13 ans.

Le rapport souligne que la situation de la presse s'est sensiblement dégradée dans plusieurs pays, notamment la Turquie, la Pologne, le Burundi, la Bolivie, la Serbie et la Hongrie.

Déjà montrés du doigt par l'organisation, la Chine et la Russie ont pris de nouvelles mesures pour contrôler plus étroitement encore les médias, rappelle Freedom House.

La Russie a même tenté d'étendre son influence sur la presse au-delà de ses frontières, aux États-Unis notamment à l'occasion du scrutin présidentiel.

«Le recul de la liberté de la presse au niveau mondial devrait se poursuivre, en l'absence d'orientation forte des États-Unis, des membres de l'Union européenne et d'autres démocraties», prévient Freedom House.

Si le rapport, qui porte sur 199 pays, convient que les États-Unis «demeurent l'un des pays les plus tolérants du monde vis-à-vis de la presse», il y constate un «recul modéré».

Freedom House avertit que si l'administration persiste à critiquer «durement le journalisme factuel» et prend des mesures menaçant la liberté de la presse, la capacité des États-Unis à mettre sous «pression» les États contrevenants sera plus réduite.

La tonalité du rapport publié vendredi est sensiblement la même que celle du rapport présenté mercredi par Reporters sans frontières (RSF), pour qui «jamais la liberté de la presse n'a été aussi menacée».

Treize des quatorze premiers pays du classement établi par Freedom House sont européens, avec la Norvège en tête.

La France, elle, n'arrive qu'au 44e rang. Une situation en partie due à la loi sur le renseignement adoptée en 2015, considérée par beaucoup comme une menace potentielle pour le travail de source des journalistes.

En fin de classement arrivent ex aequo la Corée du Nord et le Turkménistan.