Les milléniaux de la Belle Province auront leur version de VICE, qui a été lancée officiellement vendredi soir lors d'une fête dans le Mile End, avec Dead Obies comme groupe invité. Nous avons discuté des visées locales de ce nouvel acteur médiatique avec Delphine Poux, directrice générale de VICE Québec, et Philippe Gohier, rédacteur en chef de VICE Canada.

Le groupe média VICE, qui se déploie partout dans le monde pour s'adresser à une nouvelle génération dans le ton qui est le sien et sur toutes les plateformes, a maintenant son antenne québécoise avec le site VICE Québec, qui est en ligne depuis le 1er août. C'est un peu un retour aux sources, puisque le magazine Voice of Montreal, à l'origine de cet empire, a été fondé à Montréal en 1994 par Suroosh Alvi, Gavin McInnes et Shane Smith.

Et si le groupe rap Dead Obies était l'artiste invité de la soirée de lancement de VICE Québec, ce n'est pas seulement parce qu'il est populaire, mais aussi parce qu'on retrouvera sur le site un reportage sur le rap québécois, dont le «franglais» fait beaucoup jaser.

Ce sera un webzine «assez traditionnel dans la déclinaison des contenus», explique Philippe Gohier, rédacteur en chef de VICE Canada. «Il y aura un volet actualités, avec les sujets chauds de l'heure. L'autre vecteur, c'est la culture, dans lequel la musique va se démarquer. Le troisième pilier sera la science et la techno, tandis que le quatrième pilier, c'est un peu notre concept fourre-tout de société, qui aborde la consommation, la bouffe, la drogue, le sexe, les récits personnels, tout ce qui est, disons, tranches de vie.»

Ce qui est différent, par contre, c'est l'«esprit» VICE, que Philippe Gohier résume en deux mots : curiosité et empathie. Des reportages immersifs, qui proposent des angles alternatifs ou qui abordent des sujets délaissés - tous réalisés par des jeunes. Outre le documentaire sur le rap québécois, qui sera mis en ligne le 6 octobre, des reportages sont prévus sur la participation du Canada dans le conflit en Ukraine et les Hells Angels.

Deux reportages de VICE Québec ont remporté des prix au dernier gala des Gémeaux. 

Les milléniaux québécois ne sont pas différents des autres jeunes lorsqu'il s'agit de les approcher, croit Philippe Gohier. 

«Ils veulent qu'on leur parle franchement ; ils veulent un média qui n'a pas la pudeur des médias traditionnels, qui les affranchit, qui délaisse la langue de bois, qui est moins lié aux institutions.»

«Les fondateurs de VICE disaient que c'est la génération qui a le sens de la bullshit le mieux aiguisé. Il faut cette franchise, c'est notre défi, sinon ils ne vont pas nous écouter. Chez nous, ce ne sont pas les cadres qui décident de ce qui est cool, c'est notre salle de rédaction.»

De grandes ambitions

Les ambitions de VICE Québec sont grandes, affirme sa directrice générale, Delphine Poux. «Pour l'instant, nous sommes 30 employés, mais ce n'est qu'un début. On n'a plus de place; on va déménager dans quelques semaines. En plus du site web, il y aura en 2017 le lancement de la chaîne télé, en partenariat avec le groupe V Média.» Ce sera la version québécoise de la chaîne spécialisée Viceland, lancée aux États-Unis et au Canada au début de l'année, et qui s'implante rapidement dans d'autres pays.

Par ailleurs, si le site VICE Québec a été conçu pour les téléphones portables, il ne compte pas d'application pour le moment.

Le marché québécois a beau être plus petit, VICE vient quand même combler un vide, croit-elle.

«Personne ne fait la même chose que nous. Ce qu'on aime beaucoup, c'est découvrir de nouveaux talents, donner la chance aux jeunes. On n'attend pas qu'ils fassent leurs preuves; on leur donne cette chance immédiatement, dans tous les domaines: caméramans, monteurs, même les ventes!»

«Mon ambition est de créer la voix québécoise au sein de VICE. C'est extrêmement important d'être le plus local possible, avec la plus grande portée possible auprès des jeunes du Québec. C'est notre mandat de raconter le Québec au monde», estime Delphine Poux, DG de VICE Québec.

Cela signifie également que le contenu québécois peut se retrouver à l'international. «On travaille avec tous les autres VICE dans le monde, confirme-t-elle. Quand un sujet est pertinent pour l'international, on peut retrouver nos sujets partout et faire briller le Québec auprès de tous les milléniaux. Il y a beaucoup de choses à raconter ici.»