Accompagné en musique par ses amis, le dessinateur français Siné, ex-figure du journal satirique Charlie Hebdo dont il avait été écarté pour des accusations d'antisémitisme, a été enterré mercredi, sous une pluie battante, au cimetière Montmartre à Paris.

Quatre à cinq cents personnes se sont rassemblées dans le cimetière du nord de Paris, pour rendre un dernier hommage au dessinateur anarchiste et ami des chats.

Sous une grande photo de Siné, un orchestre de jazz - la musique préférée du dessinateur - a joué quelques standards tandis que des policiers veillaient discrètement pour éviter tout incident.

Siné, 87 ans, est mort jeudi dernier dans un hôpital parisien des suites d'une opération.

Ami du poète Jacques Prévert, il était l'un des derniers représentants d'une génération de caricaturistes français des années 70, réunis autour de Charlie Hebdo, comme Wolinski et Cabu, assassinés dans l'attaque jihadiste qui a décimé la rédaction du journal en janvier 2015.

Figure historique de Charlie, il en avait été licencié en 2008 après plus de 20 ans de collaboration, pour des accusations d'antisémitisme qu'il réfutait.

Le dessinateur avait déjà fait construire sa tombe dans ce cimetière. Ornée d'un cactus en forme de doigt d'honneur, il y avait fait graver «Mourir? Plutôt crever!»

Dans une ultime chronique publiée à la veille de sa mort dans le dernier numéro de Siné Mensuel, le dessinateur évoquait «la mort qui rôde et fouine sans arrêt autour de moi comme un cochon truffier».

«C'est horriblement chiant de ne penser obsessionnellement qu'à sa mort qui approche, à ses futures obsèques et au chagrin de ses proches», poursuivait-il.