Qu'y a-t-il de bon à la télé ce soir? C'est la très populaire question autour de laquelle le CRTC conviera tous les intervenants du milieu de la télévision à une grande discussion, avec pour objectif d'améliorer la «découvrabilité» des contenus télévisuels en cette époque de multiplication des canaux.

Les 1er et 3 décembre prochains, Vancouver et Montréal tiendront respectivement deux conférences intitulées «En route vers le Sommet de la découvrabilité». L'organisateur, le CRTC, souhaite qu'elles puissent déboucher sur de nouvelles solutions pour que les consommateurs arrivent à retrouver le contenu qui les attire et que les producteurs arrivent à faire remarquer le leur.

«À la fin des années 60, il n'y avait que quelques chaînes et ce sont elles qui jouaient le rôle de curation», commence par expliquer le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, en entrevue avec La Presse.

«Depuis, chaque nouvelle technologie a amené du fractionnement et on est passé d'une programmation complète à une consommation programme par programme.»

Les amateurs de télévision canadiens ont aujourd'hui accès à des centaines de chaînes traditionnelles ou spécialisées, à des services de diffusion internet comme Netflix, Shomi, Tou.tv ou illico.tv, sans compter YouTube et une panoplie d'autres canaux de diffusion basés sur l'internet. Tous offrent des contenus exclusifs et non exclusifs. L'offre est telle qu'il est de plus en plus difficile pour le consommateur de s'y retrouver, constate M. Blais.

«En Amérique du Nord, il y a environ 400 séries de fiction en développement présentement. Les gens sont un peu déstabilisés par ça.»

Et pourtant, malgré une offre en apparence sans fin, 50 % des consommateurs de télévision linéaire affirmaient dans une étude récente menée par Ericsson constater au moins une fois par jour qu'ils n'y trouvaient rien de bon à régarder. Cette proportion grimpait à 62 % chez les 25-34 ans.

Argent perdu

L'Office national du film (ONF) sera partenaire du CRTC dans ces discussions. Le célèbre producteur de contenu «fait face au problème de la découvrabilité depuis toujours», selon son président, Claude Joli-Coeur, qui rappelle au passage que son organisme n'a jamais détenu de chaîne de télé, qu'il a commencé à diffuser ses oeuvres grâce à des projectionnistes se promenant parfois en traîneau à chiens et qu'il «doit maintenant trouver une façon de rendre son contenu disponible dans une mer».

L'ONF vient justement de lancer une nouvelle application destinée à la console Apple TV pour l'aider dans cette mission.

«[L'écosystème de production télévisuelle canadien] investit des milliards de fonds publics dans la création de contenus qui sont éphémères parce que souvent difficiles à trouver.»

Mais l'objectif du sommet ne sera pas uniquement de favoriser le contenu canadien, pas plus qu'une forme aux dépens d'une autre, prévient M. Blais.

«L'idée n'est pas de forcer les gens à regarder du contenu qui n'a pas de valeur à leurs yeux.»

Ouvert à toutes les solutions

À l'heure actuelle, la découvrabilité prend diverses formes, note M. Blais.

«Les magazines et les journaux parlent encore de contenus et du star-système, ça demeure, commence-t-il. Mais on a vu apparaître d'autres façons, notamment les algorithmes en combinaison avec les mégadonnées ou encore la curation par des individus, comme le fait notamment Shomi.»

Faut-il raffiner ces processus? En trouver de meilleurs? Le président du CRTC refuse de s'avancer.

«Nous n'envisageons pas déjà un résultat. Nous voulons d'abord démarrer la conversation, prendre le temps d'avoir une réflexion.»

La consultation menée par le CRTC n'est pas de nature réglementaire. L'organisme souhaite simplement «utiliser son pouvoir de motivation pour emmener tout le monde à la table».

Les séances de Montréal et de Vancouver serviront de préparation à une plus grande consultation qui aura lieu au printemps.