Le tabloïd allemand Bild a annoncé mardi qu'il bloquait avec effet immédiat l'accès de son site internet aux utilisateurs d'applications qui désactivent les publicités en ligne, afin d'empêcher l'érosion de ses revenus publicitaires.

«Pour continuer à pouvoir consulter le contenu de Bild.de, les utilisateurs de la fonctionnalité adblocker ont dès maintenant le choix de (la) supprimer pour Bild.de ou de souscrire un abonnement mensuel», explique dans un communiqué la maison mère de Bild, l'éditeur Axel Springer.

Bild, quotidien le plus lu d'Allemagne et même d'Europe, justifie sa décision par la nécessité de défendre ses sources de revenus.

Pour les lecteurs qui voudraient tout de même s'informer sans être dérangés par la pub, Bild propose sa propre offre d'abonnement payante sans publicité, pour 2,99 euros (4,50$) par mois.

«L'offre croissante d'adblocker met en danger les sources de revenus issues du marché publicitaire pour l'ensemble des éditeurs de médias en ligne», souligne Bild, alors que ces programmes gratuits et téléchargeables permettent aux internautes de bloquer en quelques clics l'apparition de publicités sur leurs écrans.

Axel Springer a par ailleurs porté plainte contre Eyeo, entreprise éditrice d'Adblock Plus, une des applications antipub les plus connues, dont il juge le modèle économique «illégal».

Le groupe a décidé de faire appel d'une première décision du tribunal de grande instance de Cologne en sa défaveur. Eyeo a déjà remporté au printemps plusieurs victoires judiciaires face à des chaînes de télévision allemandes.

Axel Springer, éditeur des quotidiens Bild et Die Welt et propriétaire de SeLoger.com et Auféminin en France, est en pleine mutation vers le numérique, et à la recherche des bonnes recettes pour monnayer l'information en ligne. Ce faisant le groupe allemand n'hésite pas à voler dans les plumes des acteurs d'internet, son patron Axel Döpfner est d'ailleurs en pointe de la fronde des éditeurs de presse européens contre la mainmise de Google sur la toile.