Il est l'un des derniers animateurs de radio de la bande FM à avoir carte blanche dans le registre de l'émergence musicale. Tous les dimanches soir, Jay Walker choisit les artistes qu'il fera entendre pendant les deux heures de son émission Montreal Rocks, en ondes à CHOM de 22 h à minuit. Des formations de Montréal et d'ailleurs qui gagnent à se faire connaître par un plus large public.

«Si c'est bon, je le joue!», lance-t-il.

Pour souligner les cinq ans de Montreal Rocks, Jay Walker tient un spectacle avec des groupes locaux dans le tout nouveau théâtre Fairmount (anciennement le Cabaret du Mile End), samedi soir.

Né à Verdun, élevé dans le West Island, Jay Walker n'a pas abouti à CHOM par hasard. Il a même quitté la célèbre station de radio anglophone de Montréal pour mieux y revenir.

Pendant son adolescence, il se souvient avoir écouté en auto, avec son père, les émissions de CHOM animées par les Paul Beauregard, Tootall et Randy Renaud. «Des gars avec qui j'ai fini par travailler», raconte-t-il.

Après l'école secondaire, Jay Walker se remettait d'une scoliose et d'études éprouvantes, en raison de ses troubles dyslexiques. Et c'est la radio qui apaisait la douleur des longs mois de convalescence qui ont suivi une importante intervention chirurgicale au dos.

Alité, Jay Walker aimait la façon dont les animateurs «connectaient» avec lui, notamment Sharon Hyland sur les ondes de CHOM, Picard (l'actuel directeur musical de CHOM) sur la fréquence de The Buzz et Steve Anthony à MuchMusic. «J'avais l'impression de les connaître.»

CHOM: un rêve d'adolescent

Une fois remis sur pied, Jay Walker, né Jason Waugh, s'est inscrit à la Montreal Radio and Television School, fondée par Robert Vairo, un ancien journaliste de CTV.

«J'ai enfin trouvé quelque chose que j'aime et dans lequel je peux dire que je suis bon.»

Une fois son diplôme en poche, Jay Walker voulait travailler à CHOM à tout prix. Chaque lundi, il se rendait dans les bureaux de la station «pour déposer la cassette de son démo». Après quatre mois, ses efforts ont porté leurs fruits, et on lui a offert un stage dans le cadre de l'émission du matin. Il faisait du café, répondait au téléphone de façon bénévole. 

CHOM a offert à Walker des tâches de production, et sa station soeur (The Team, 990 AM), la réalisation des matchs des Expos. 

L'apprenti animateur a fini par se rendre indispensable. En janvier 2001, quand CHOM a été vendue, il était persuadé de perdre son emploi quand il a croisé dans l'ascenseur le nouveau directeur musical Matt Cundill. «Il m'a fait venir dans son bureau. Il m'a dit: "On relance CHOM et on doit bâtir une nouvelle bibliothèque musicale."»

Pendant plusieurs mois, Jay Walker a numérisé des CD en format numérique. Il travaillait sans arrêt, puis a fini par faire sa place dans le cadre de la relance du 97,7 FM. Jay Walker ne pouvait pas être plus heureux. Il avait du temps de micro, il réalisait l'émission du matin avec Terry DiMonte et il est devenu l'adjoint du directeur musical. «J'étais l'homme à tout faire.»

En 2005, son rêve devenu réalité de travailler chez CHOM a pris fin dans le cadre de coupes. Jay Walker a alors obtenu un contrat comme recherchiste musical à Flash (où travaillait sa copine et future femme, l'animatrice Anne-Marie Withenshaw).

Ensuite, la radio satellite XM a engagé Jay Walker pour qu'il participe au lancement des chaînes canadiennes, dont The Verge, consacrée à la musique émergente. Petit hic: il devait déménager à Washington. «Mais j'ai découvert un autre monde musical.»

Nous étions en 2005, à la belle époque du rock montréalais indépendant, avec Arcade Fire, The Stills, Wolf Parade.

Entre-temps, Jay Walker a cumulé les boulots dans le domaine des communications, à la fois dans l'ombre et devant la caméra, notamment à Global.

Un jour, il a appelé son ami Marc Aflalo pour produire un démo. Le reste appartient à l'histoire.

Tous les dimanches soir, depuis cinq ans, Jay Walker anime Montreal Rocks sur les ondes de CHOM. Et fait rarissime pour un animateur de la bande FM, il a carte blanche.

«Je suis revenu à CHOM. Je peux jouer ce que je veux. Et il n'y a aucune pub.»

Pour son émission, dimanche dernier, Jay Walker a choisi des chansons d'artistes d'ici, dont Patrick Watson, Will Butler, Lisa LeBlanc et Milk & Bone parmi les Beck et TV On the Radio. Il donne aussi régulièrement une place aux artistes francophones.

«Si c'est bon, je le joue!», répète-t-il.

En parallèle, Walker réalise les Shows To Go (spectacles pour emporter) de CHOM mettant en vedette des groupes montréalais. Il lance des fleurs à ses patrons actuels de CHOM, le directeur musical Picard et le directeur de marque André Lallier. «Ils veulent représenter Montréal.»

Le Pistol

L'animateur de Montreal Rocks a donné rendez-vous à La Presse au restaurant Big in Japan, sur le boulevard Saint-Laurent. Anciennement, c'était l'adresse du bar Le Pistol, où il a rencontré sa femme Anne-Marie Withenshaw et où il a croisé des groupes comme The Dears, The Stills, Arcade Fire et Stars, en remplaçant le portier pour quelques soirs.

«Je voulais venir ici, car c'est ici que j'ai compris à quel point la scène indie est vibrante.»

Samedi soir, Jay Walker invite les gens à découvrir le nouveau théâtre Fairmount, ainsi que les groupes locaux The Damn Truth, Elephant Stone, We Are Monroe, Diamond Bones et Seb Black.

Une partie des recettes du cinquième anniversaire de Montreal Rocks ira à la Fondation de l'hôpital Shriners pour enfants, où l'animateur a été soigné pour sa scoliose.

Au risque de se répéter, Jay Walker n'a pas abouti à CHOM par hasard. Même sa scoliose y est pour quelque chose.