Un géant américain de l'assurance s'est retrouvé sur la défensive lundi, au lendemain de la diffusion d'une publicité pendant le Super Bowl, sur les enfants victimes d'accidents évitables, suscitant une vague de protestations sur les réseaux sociaux.

L'assureur Nationwide a affirmé vouloir lancer une discussion sur ces accidents dits «évitables», qui tuent un enfant chaque heure aux États-Unis.

«Je n'ai pas pu grandir, car je suis mort dans un accident», déclare un jeune garçon dans la publicité, qui regrette ne jamais pouvoir faire du vélo, se marier ou voir le monde.

Puis suivent les images troublantes d'une baignoire qui déborde, de produits de nettoyage sous un évier, et d'une télévision à écran plat tombée sur le sol.

«Les accidents que l'on peut prévenir sont la première cause de mort d'enfants», ajoute le spot de 45 secondes.

Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), 9000 enfants américains meurent chaque année dans ces accidents, soit environ 25 par jour.

Du coup, la publicité de Nationwide a dépassé celle de Budweiser, mettant en scène un cheval et un chiot, en tant que publicité la plus mentionnée sur les réseaux sociaux, mais pas de la manière dont l'assureur aurait espéré.

«Inutile», «horrible manipulation des émotions pour le profit» et «un coup de poing dans le ventre pour les parents qui ont perdu un enfant», sont quelques commentaires trouvés sur Twitter.

D'autres se sont moqués de Nationwide. «Je ne regarderai pas Katy Perry parce que je suis mort dans une publicité déprimante de Nationwide», mentionne un utilisateur de Twitter, en référence au spectacle de la mi-temps de la diva de la pop.

«On peut affirmer sans se tromper que, même si elle est juste, la publicité de Nationwide est la plus grosse bourde de ce Super Bowl», a estimé le spécialiste du marketing internet Greg Finn, sur MarketingLand.com.

Selon le professeur de marketing de l'université Johns Hopkins à Baltimore Keith Quesenberry, Nationwide a cafouillé en voulant mettre l'accent sur un problème sociétal important au moment où les Américains étaient d'humeur festive.

«La plupart des consommateurs veulent soutenir des causes sérieuses, mais il y a un temps et un moment pour ça», a expliqué à l'AFP le professeur Quesenberry, un expert des publicités du Super Bowl.

«Ils ne veulent pas être ramenés sur terre en pleine célébration», a-t-il affirmé, ajoutant que, selon ses recherches, les téléspectateurs «apprécient généralement les publicités ayant des fins heureuses hollywoodiennes.

Selon Sentiment140.com, qui examine l'intérêt pour certaines marques sur les réseaux sociaux, 53% des consommateurs avaient une opinion négative de Nationwide lundi, contre 72% qui avaient une opinion positive de Budweiser.

«Le seul objectif de cette publicité était de lancer un dialogue, et non pas de vendre des assurances», s'est défendue dans un communiqué la compagnie d'assurances basée en Ohio, qui fait partie des 100 plus grandes entreprises aux États-Unis.

Plus de 70 annonceurs ont payé 4,5 millions de dollars chaque spot de 30 secondes diffusé pendant le Super Bowl, la finale du championnat de football américain, qui est regardée par un tiers des Américains (environ 115 millions de téléspectateurs).