L'élection du nouveau chef du Parti québécois n'aura lieu qu'en mai prochain mais déjà, la course est commencée sur les réseaux sociaux. Facebook et Twitter ont remplacé les assemblées de cuisine des années 70. Les principaux candidats - Jean-François Lisée, Bernard Drainville et le candidat potentiel Pierre Karl Péladeau - sont tous très actifs. Résultat: les projecteurs sont tournés vers Twitter et Facebook.

La plupart des candidats ont d'ailleurs remarqué une fréquentation à la hausse de leur page Facebook et de leur compte Twitter au cours des dernières semaines.

Il faut dire que les sorties du député Pierre Karl Péladeau dans les réseaux sociaux, relayées par les médias traditionnels, font parler. M. Péladeau - qui pourrait annoncer bientôt qu'il se lance dans la course - est hyperactif sur Facebook et Twitter où il présente ses positions et répond à ses détracteurs.

Il n'est pas le seul.

Jean-François Lisée a compris depuis longtemps l'importance de Twitter et Facebook. Son blogue, créé bien avant qu'il se lance en politique, est devenu la plaque tournante de sa stratégie de communication. «Je l'ai transformé en lieu de mobilisation, explique le député de Rosemont qui dit s'être inspiré de l'approche Obama. Sur mon blogue on peut adhérer au parti, proposer des idées, faire un don. Quant à ceux qui «embarquent avec Jean-François» en offrant une heure de leur temps, ils reçoivent des petites vidéos tournées avec un iPhone ou un iPad qui leur montrent les coulisses de la campagne.»

M. Lisée, qui est épaulé par un webmestre et un spécialiste des réseaux sociaux, utilise Twitter pour s'adresser aux journalistes et aux influenceurs. «On l'utilise aussi pour donner des arguments à nos partisans qui les relaient par la suite.»

Son collègue Bernard Drainville, un autre pro des réseaux sociaux, estime d'ailleurs que la force d'une organisation repose sur la capacité à relayer ses messages dans les réseaux sociaux. «Mais, ajoute-t-il, il faut faire attention au point de saturation. On réalise qu'à un certain point, plus t'en fais moins c'est rentable.»

Les journalistes qui couvrent l'Assemblée nationale ont reproché à Pierre Karl Péladeau d'utiliser Facebook pour ne pas avoir à répondre aux questions des médias. Bernard Drainville, lui, présente le problème à l'envers: les réseaux sociaux sont une bonne façon de rejoindre les gens quand tu ne veux pas que ton message passe dans le vide.

Même son de cloche du côté de Jean-François Lisée. «C'est un moyen qui s'ajoute aux autres mais je suis toujours disponible pour débattre de mes idées.» Les deux candidats à la direction s'entendent pour dire qu'un texte dans un quotidien ou un reportage à la télévision seront toujours plus efficaces qu'un statut Facebook ou un tweet.

Un bon tremplin

Pour les candidats moins connus, l'utilisation des réseaux sociaux peut devenir un tremplin, une façon d'accroître sa visibilité. «C'est la méthode qu'a employée Mélanie Joly aux élections municipales, observe Louis Aucoin, associé principal chez Octane Stratégies. Elle a travaillé avant et fait en sorte d'être visible. On ne pouvait plus l'ignorer.»

C'est le défi d'Alexandre Cloutier qui se dit «tout à fait lucide» sur son faible taux de notoriété.

«J'étais moins présent avant la course mais là, je suis super présent. Même que je sens vibrer mon téléphone dans ma poche même quand je ne l'ai pas sur moi», dit-il en riant, ajoutant que «les réseaux sociaux permettent de prendre position plus librement que dans mon rôle de critique de l'opposition.»

Quant à Martine Ouellet, elle ne s'en cache pas: avant d'être en politique, elle n'utilisait pas Twitter et Facebook. «Je le fais uniquement pour diffuser du contenu et des positions, pas pour commenter la nouvelle du moment», précise-t-elle. Et pas question pour la députée de Vachon - qui dit utiliser Twitter avec parcimonie - de réagir à chaud. «Je l'utilise pour passer des idées.»

Le moins connu des candidats, Pierre Céré, est aussi celui qui est le moins familier avec ce qu'il appelle «le chaudron des réseaux sociaux». «Je travaille avec une équipe de jeunes bénévoles super allumés, dit-il. J'ai 55 ans, j'ai ouvert ma page Facebook l'an dernier seulement. L'avantage pour un candidat comme moi c'est que ce sont des outils de communication qui ne coûtent presque rien. J'apprivoise la chose.»