Le géant américain Netflix a lancé lundi en France son service de vidéo illimité, sur internet et bientôt sur les box de télévision, une petite révolution dans la consommation de films et de séries qui fragilise la télé traditionnelle.

Netflix doit poursuivre son offensive européenne tout au long de la semaine en se lançant en Allemagne, Autriche, Suisse, Belgique et au Luxembourg.

Après avoir conquis 36 millions d'abonnés aux États-Unis et 14 millions à l'international, dont la Grande-Bretagne et plusieurs autres pays européens, Netflix part à l'offensive du marché français en s'appuyant sur son vaste catalogue de séries américaines.

«Sur le long terme, dans 5 à 10 ans, nous visons un tiers des foyers français abonnés à Netflix, comme c'est le cas aux États-Unis», a dit son fondateur Reed Hastings à l'AFP. Pour l'heure, le premier cap fixé est de 2 millions d'abonnés en France dans 2 à 5 ans.

Reed Hastings a souligné qu'il n'avait pas l'intention de payer aux opérateurs un droit de passage pour la diffusion de ses contenus via internet, mettant en avant le principe de la «neutralité du net».

Netflix et ses équivalents sont aux films et séries ce que le service musical en ligne Deezer est à la musique: des vidéos à volonté, où l'on veut et sans grilles de programmes.

Face au débarquement de Netflix, ses concurrents français ont dégainé proposant de nouvelles offres, services ou forfaits.

Mais ces services bon marché ne gagnent pas encore d'argent: CanalPlay du groupe Canal+, qui propose des contenus en accès illimité, est par exemple pour l'instant déficitaire, tout comme Netflix ailleurs qu'aux États-Unis.

Avec un siège européen au Luxembourg, puis aux Pays-Bas en 2015, Netflix échappera à l'impôt français sur les sociétés, à l'obligation de signalétique d'âge ainsi qu'au pourcentage minimum de 60% de contenus européens et 40% de contenus français dans son catalogue. Il ne devra pas non plus s'assurer que 12% de ses recettes proviennent de visionnage de programmes français. Autant d'exceptions qui rendent furieux ses concurrents français.

L'américain contribuera néanmoins au financement de la production audiovisuelle française: il devra verser 2% de son chiffre d'affaires en France au Centre national du cinéma et paiera la TVA sur ses recettes françaises.

L'arrivée de Netflix, propice au «binge-watching» - consommation boulimique de contenus - pourrait provoquer une onde de choc en France, territoire très réglementé, où le cinéma est interdit mercredi et samedi soir à la télévision, qui doit respecter un quota de production française.

Menacées, les chaînes historiques réclament déjà un assouplissement des règles.