Les journalistes américains apparaissent très pessimistes quant à l'évolution de leur métier, dont ils jugent en grande majorité qu'il va dans «la mauvaise direction», révèle une étude publiée par l'Université de l'Indiana.

Selon cette enquête décennale - les précédentes avaient été réalisées en 1971, 1982, 1992 et 2002 -, près de six journalistes américains sur 10 (59,7%) estiment que leur profession suit une mauvaise voie, contre deux sur 10 (23,1%) qui jugent qu'elle va «dans la bonne direction».

Interrogés sur le problème le plus important auquel doit faire face la presse aujourd'hui, ils évoquent la baisse des revenus (20,4%), les menaces représentées par la presse en ligne (11,4%), les réductions de postes (11,3%), le besoin d'un nouveau modèle économique (10,8%) et le travail bâclé (9,9%).

Le pessimisme des reporters interrogés transparaît également dans le fait que seuls 23,3% d'entre eux se disent «très satisfaits» de leur travail - ils étaient 33,3% en 2002, et 49% en 1971.

«Au total, environ un quart des journalistes américains disent qu'ils ne sont pas ou pas du tout contents de leur métier», pointent les auteurs de l'étude, rappelant que cette proportion était de 16,1% en 2002.

Dans leur salle de rédaction, les journalistes se sentent en outre de moins en moins autonomes: seuls 33,6% d'entre eux disent avoir «une liberté presque totale» dans le choix de leurs sujets, contre 40% en 2002, 44% en 1992 et 60% en 1982 et 1972.

Interrogés sur leur appartenance politique, une majorité de reporters (50,2%) se disent pour la première fois depuis 1971 indépendants. À l'opposé, seuls 7,1% d'entre eux seulement disent être républicains - contre 18% en 2002 et 25,7% en 1971. À 28,1%, la proportion des démocrates chute de 8 points par rapport à 2002 et se rapproche du pourcentage de la population totale se disant démocrate (30%), selon un sondage ABC News/Washington Post de décembre 2013, pointent les auteurs de l'étude.

L'enquête a été réalisée en ligne à l'automne 2013 auprès de 1080 journalistes issus de tous les médias.