Dans un monde où nous sommes continuellement bombardés d'informations, de tweets et de nouvelles éphémères, nous assistons depuis quelques années à un certain engouement pour ce que les Américains appellent le long-form, de longs récits ou reportages écrits qui peuvent faire plusieurs dizaines de pages. On peut parfois en lire dans des magazines comme Wired, Rolling Stone ou The New Yorker, ou dans des publications plus pointues comme Byliner.

Aux États-Unis, deux sites privilégiant exclusivement le format long ont vu le jour au cours des dernières années: The Owl et The Atavist. C'est ce dernier qui a incité deux jeunes journalistes montréalais à développer un projet similaire: Simon Coutu, 29 ans, et Marc-André Sabourin, 27 ans, se sont rencontrés dans un cours de journalisme à l'UQAM et ont caressé plusieurs projets de magazines avant de lancer Inouï, une maison d'édition numérique dont la spécialité se résume ainsi: «Des histoires incroyables, mais vraies.»

«Inouï s'inscrit dans la même famille que les publications françaises Feuilleton et XXIe, qui s'adressent à des lecteurs qui ont du temps et l'envie de se plonger dans une histoire bien écrite», explique Simon Coutu, qui est également journaliste à Québec Science et auteur d'une vidéo sur l'univers du skateboard qui s'est fait remarquer au cours des derniers mois.

Inouï est le fruit de trois ans de travail, dont une campagne de sociofinancement sur Indiegogo qui a permis aux deux collègues d'amasser 12 000 $. «Nous sommes également allés rencontrer l'équipe de The Atavist à New York», raconte Marc-André Sabourin, ex-rédacteur en chef du journal étudiant Montréal campus, aujourd'hui journaliste à la pige. Les deux jeunes hommes sont épaulés dans leur aventure par un vétéran, Hervé Juste, ancien numéro 2 du magazine Sélection, qui possède une riche expérience en édition et en traduction.

Pour l'instant, Inouï offre un seul récit original, signé Marc-André Sabourin, et des traductions de textes achetés à des magazines américains, dont The Atavist.

On trouve même des mises en contexte historique - exemple: qui est Jean Lesage et quelle était sa campagne Maîtres chez nous? - car Inouï veut rejoindre un public francophone au-delà des frontières du Québec.

À plus long terme, les créateurs d'Inouï aimeraient mettre en mots des documentaires ou des séries radio comme This American Life, série-culte produite par Chicago Public Media. Avis aux auteurs qui ont une histoire «incroyable mais vraie» qui traîne dans un tiroir, Inouï accepte les propositions de qualité et partage les profits également avec l'auteur.

On peut acheter une histoire à la fois au coût de 2,99 $ ou s'abonner annuellement pour la somme de 19,99 $, ce qui permet d'avoir accès à l'ensemble du catalogue, en plus des nouveautés.

On peut lire les histoires d'Inouï sur tous les appareils mobiles ou les acheter sur Amazon et Kobo. Une application pour iPhone et iPad sera lancée en mai.

Expliquer, expliquer, expliquer...

Le journalisme de données est à la mode et les sites qui le mettent en valeur poussent comme des champignons sur le web, ces temps-ci. Après le site FiveThirtyEight lancé par Nate Silver et Vox créé par l'ex-journaliste-vedette du Washington Post Ezra Klein, le New York Times vient de créer The Upshot, une section où on explique aux lecteurs ce qu'ils doivent savoir sur un sujet d'actualité relié à la politique, la vie publique et le quotidien. Le reportage est construit à partir de données publiques et présenté de façon très visuelle. Le journalisme explicatif est tendance. Tant mieux pour les lecteurs.

Identités troubles

Twitter et Facebook se ressemblent de plus en plus. Les abonnés de Twitter découvrent ces jours-ci la nouvelle page d'accueil qui ressemble de plus en plus à Facebook, alors que les abonnés de Facebook, eux, se voient offrir une nouvelle application - d'abord destinée aux journalistes - qui permet de suivre une nouvelle de dernière heure en direct comme on le fait déjà... sur Twitter. Peut-être qu'à force de se ressembler, les deux réseaux vont finir par fusionner?