Jeudi dernier, jour de la publication d'un éditorial prenant position pour le Parti libéral du Québec dans les pages de La Presse, Marie-France Bazzo posait la question aux auditeurs de la chaîne ICI Radio-Canada Première : que pensez-vous des prises de position éditoriales ? Les réponses, tout comme les commentaires dans les réseaux sociaux ce jour-là, démontraient une profonde méconnaissance du rôle de chacun des acteurs dans un quotidien.

Plusieurs ignorent en effet la différence entre journaliste, chroniqueur et éditorialiste.

Il existe plusieurs catégories de journalistes dans la presse quotidienne. Si on se concentre sur ceux qui signent les textes, on en retrouve quatre : le reporter, le critique, le chroniqueur (ou columnist) et l'éditorialiste.

Le reporter est celui qui va sur le terrain, qui recueille les informations et qui rédige un texte objectif sur une nouvelle ou un sujet donné. Il ne peut pas employer le « je », il ne peut pas donner son opinion. Son texte est neutre et rapporte les faits. Dans le métier, on a longtemps répété que la règle d'or du journaliste était de répondre aux cinq W (who, what, where, when et why).

Le critique travaille essentiellement dans les pages culturelles (à l'exception du critique restaurant) et se prononce sur les mérites d'une oeuvre artistique (disque, film, livre, exposition, etc.).

Le chroniqueur, ou columnist, jouit d'une grande liberté. Il signe des chroniques où il peut exprimer son opinion personnelle, mais il peut aussi réaliser des entrevues ou des reportages qu'il pourra écrire à la première personne. Il ne faut pas confondre le chroniqueur et l'éditorialiste, qui n'écrit jamais ses textes à la première personne du singulier.

Plusieurs auditeurs de l'émission C'est pas trop tôt à la chaîne ICI Radio-Canada Première se sont étonnés qu'un éditorialiste prenne position. Il n'y a pourtant là rien de surprenant. Au contraire, par définition, l'éditorialiste prend position.

Traditionnellement, l'éditorial représente la position du propriétaire du journal sur des questions données. Il existe toutefois deux approches : les éditoriaux qui ne sont pas signés et ceux qui le sont.

On retrouve des éditoriaux non signés dans la presse anglo-saxonne. The Gazette, le New York Times ou le Globe and Mail publient des éditoriaux qui ne portent aucune signature. L'équipe éditoriale se réunit quotidiennement, cerne les sujets d'actualité sur lesquels le journal se prononcera, puis discute de la position à adopter. Il doit y avoir consensus au sein de l'équipe. À la fin, un éditorialiste rédigera le texte qui devra être approuvé par les autres.

Du côté francophone, l'approche est différente. À La Presse comme au Devoir, les éditoriaux sont signés (le Journal de Montréal est le seul à ne pas avoir d'équipe éditoriale). Traditionnellement, l'éditorial représente la position du propriétaire sur un sujet donné. Dans les faits, c'est plus complexe. En effet, les propriétaires de journaux n'ont pas nécessairement une « position » sur tous les sujets d'actualité. En revanche, lorsque l'éditorialiste en chef prend position sur de grandes questions de société ou en campagne électorale, par exemple, il le fait au nom du propriétaire du journal. Sa position ne représente pas toujours celle de l'équipe éditoriale et elle ne représente jamais celle des journalistes de la salle de rédaction.

La Presse n'est pas le seul journal à prendre position dans une campagne électorale : Le Devoir et The Gazette le font aussi. Et certains éditoriaux (pensons au retentissant NON de Lise Bissonnette lors du référendum de Charlottetown) ont marqué l'histoire du Québec.

Physiquement, la page ou la section éditoriale occupe une place à part. Les éditoriaux ne sont pas disséminés un peu partout dans les pages du journal. Ils sont confinés dans un espace qui leur est propre. Enfin, la prise de position de l'éditorial n'empêche pas la publication d'opinions (chroniques, lettres de lecteurs, témoignages, etc.) qui vont à l'encontre des positions des éditorialistes.

Six secondes top chrono

Parfois, une image vaut mille mots. Pour expliquer sa récente décision de réduire certaines taxes, le gouvernement de David Cameron a choisi Vine, l'application vidéo de Twitter. Cette nouvelle façon de communiquer est toutefois réservée à des sujets vraiment simples à expliquer, car Vine permet de tourner une vidéo de tout au plus six secondes.

La fin de Jobboom

Triste nouvelle dans l'univers médiatique : l'excellent magazine Jobboom, qui a reçu plusieurs prix d'excellence et est une pépinière de talents journalistiques québécois, ferme ses portes. Jusqu'à tout récemment propriété de Québecor Média, Jobboom avait été racheté il y a moins d'un an par Mediagrif, propriétaire du site LESPAC.com. C'est le rédacteur en chef de la publication, Éric Grenier, aujourd'hui sans emploi, qui l'a annoncé sur sa page Facebook. La publication annuelle Carrière d'avenir, qui a fait la renommée de Jobboom, disparaît également après plus de quinze ans d'existence.