Aborder l'homosexualité féminine sans verser dans le cliché ou, à l'opposé, les situations sombres et lourdes. Voilà le défi que s'est donné la réalisatrice Chloé Robichaud en signant la websérie Féminin/Féminin.

Après ses quatre courts métrages et son premier long, Sarah préfère la course, la scénariste et réalisatrice se lance donc dans une première websérie. L'oeuvre nous fait découvrir l'univers lesbien avec une signature singulière, près du vrai monde.

«Il n'y en a pas, de webséries sur la réalité des lesbiennes. Souvent, on entend parler de la difficulté d'être gaie. Mais on présente moins les choses d'un côté positif ou dans une perspective quotidienne. C'était mon objectif: sortir des stéréotypes», dit la jeune femme.

Cette volonté de parler du quotidien nous rappelle que la réalité homosexuelle recoupe bien souvent celle des personnes hétérosexuelles. Sans plus.

Par exemple, dans le premier épisode, nombreux seront les spectateurs, straights ou gais, qui auront tôt fait de s'identifier au comportement de Léa, la fille qui ne veut pas s'engager. «Mais ce genre de réflexions, de propos sur l'engagement, on ne l'a pas souvent entendu d'une femme qui aime les femmes», dit la réalisatrice.

La série, dont l'émission pilote a été présentée aux médias hier, mettra en vedette Noémie Yelle, Ève Duranceau, Éliane Gagnon, Kimberly Laferrière, Alexa-Jeanne Dubé et Carla Turcotte. On nous signale qu'il y aura des invitées-surprises.

Les six comédiennes forment un groupe d'amies évoluant dans un environnement urbain. Leurs personnages vont interagir avec des individus hétérosexuels, hommes et femmes, et ouvrir leurs yeux sur une réalité qu'ils ne connaissent pas toujours bien.

Noémie Yelle a tout de suite adopté le personnage de Léa lorsque Chloé Robichaud le lui a proposé. «J'ai tout de suite aimé Léa pour la femme qu'elle est. Je me voyais faire ça, dit-elle. Léa a beaucoup de fraîcheur dans l'incarnation de cette fille qui ne veut pas s'engager. Elle affirme ne pas vouloir le faire, mais, au fond, elle ne l'assume pas.»

Ève Duranceau n'en est pas à sa première collaboration avec Chloé Robichaud. Elle dit que le tournage du pilote s'est fait dans une ambiance très particulière. «D'avoir à travailler sur des projets avec des contraintes de temps et d'argent fait que les choses se passent avec une énergie particulière. On se pardonne davantage de choses.»

Pour ce projet, Chloé Robichaud a adopté une approche à cheval sur le documentaire et la fiction. Dans certaines scènes, on entend sa voix hors champ alors qu'elle pose des questions aux personnages. «J'ai toujours travaillé dans l'hyperréalisme. Peut-être que je le pousse plus loin en jouant avec les codes du documentaire, dit-elle. Cela fait aussi en sorte que les comédiennes donnent des réponses qui ressembleraient à ce que de vraies lesbiennes diraient. Cette partie de faux documentaire permet donc de donner une voix aux lesbiennes.»

D'une durée oscillant entre 10 et 15 minutes, les 8 épisodes seront diffusés sur le site web LSTW (lezspreadtheword.com). Le premier épisode est maintenant en ligne. Les autres suivront à compter de juin, à raison d'un épisode par semaine.