Aujourd'hui, à Londres, aura lieu une conférence sur l'intimidation et le harcèlement à l'endroit des femmes dans les réseaux sociaux. Organisée par l'association féministe britannique Women's Aid, cette rencontre tombe à point. Non pas que le sujet soit nouveau - les femmes sont l'objet d'intimidation et de harcèlement depuis longtemps, et pas seulement dans les réseaux sociaux -, mais parce que la situation en Angleterre a pris une tournure dramatique au cours des derniers mois.

Rappelons les faits: au printemps dernier, la Banque d'Angleterre décide de retirer les billets à l'effigie de la philanthrope et réformatrice des prisons Elizabeth Fry pour les remplacer par des billets ornés du visage de l'ancien premier ministre Winston Churchill. Cette décision soulève l'ire de plusieurs femmes, dont la féministe Caroline Criado-Perez, qui réagit fortement. Elle entreprend une campagne pour que le visage de Fry - qui était la seule femme, à l'exception de la reine, à figurer sur une livre - soit remplacé par celui d'une autre femme qui a marqué l'histoire anglaise. Il y a une petite touche canadienne à l'histoire. Alors que l'ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre ne se laisse absolument pas émouvoir par les revendications de Criardo-Perez, le nouveau patron, le Canadien Mark Carney, invite la militante féministe à le rencontrer et lui propose de remplacer Elizabeth Fry par Jane Austen. Victoire!

Malheureusement, les choses se corsent par la suite. Caroline Criardo-Perez reçoit des menaces de viol et de mort sur les réseaux sociaux. La police prend la chose au sérieux et procède à deux arrestations. La campagne de haine à l'endroit de Mme Criardo-Perez est tellement virulente que toutes les femmes qui prennent publiquement sa défense, y compris la ministre du Travail, sont à leur tour l'objet de propos haineux et misogynes dans les réseaux sociaux.

Devant l'ampleur de la situation, Twitter a senti le besoin de s'excuser. Sur son blogue, le directeur général du site de microblogage en Angleterre, Tony Wang, s'est engagé à ajouter un bouton qui permettrait de dénoncer les intimidateurs. «Pas suffisant», ont répondu les féministes. L'auteure et chroniqueuse féministe Caitlin Moran a lancé l'idée d'un boycottage de 24 heures de Twitter - le "trolliday" -, qui a eu lieu le 4 août dernier, pour dénoncer ces anonymes qui intimident et insultent lâchement les gens dans les réseaux sociaux. De plus en plus de gens demandent à ce que ces harceleurs soient bannis de la twittosphère.

On discutera de toutes ces questions aujourd'hui durant la conférence de Women's Aid, à laquelle le ministre de la Justice anglais a été invité.

Le problème de l'intimidation n'est pas nouveau. Déjà, au début des années 2000, une multitude de livres ont été publiés sur le sujet. Les femmes sont particulièrement visées, et cela non plus n'est pas nouveau. Les femmes qui expriment haut et fort leur opinion ont toujours dérangé et fait l'objet de critiques.

Cette fois, pourtant, on a l'impression qu'il y a une prise de conscience. Récemment, une patronne de la BBC s'inquiétait du fait que cette agressivité dans les réseaux sociaux empêche les femmes de viser des postes en vue, de peur d'être l'objet d'attaques vicieuses. De son côté, Arianna Huffington a décidé qu'elle bannissait les commentaires anonymes du Huffington Post. Désormais, il faudra s'identifier avant d'exprimer son opinion, ce qui pourrait, qui sait, encourager les gens à peser leurs mots avant d'attaquer lâchement les autres.

À force de baliser les réseaux sociaux et de punir sévèrement les comportements inacceptables ou criminels, on arrivera un jour à créer un contexte où l'intimidation et le harcèlement seront socialement inacceptables. D'ici là, il faut continuer à dénoncer.

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#onaime

Grâce aux réseaux sociaux, l'animatrice Marie-Soleil Michon a réussi à retrouver les propriétaires d'une alliance trouvée sur une plage de Miami. Photos, messages sur Twitter et Facebook, signalement sur le site TheRingFinders... En quelques heures, le jeune couple de la Colombie, qui avait célébré son anniversaire de mariage sur cette même plage quelques mois plus tôt, a été identifié, et la bague leur a été envoyée par avion. Une belle histoire de réseaux sociaux.

#onaimemoins

Le célèbre journaliste anglais David Frost, qui est passé à l'histoire pour son entrevue avec le président déchu Richard Nixon dans la foulée du scandale du Watergate, est mort hier d'une crise cardiaque à l'âge de 74 ans. Si vous n'avez pas vu le film Frost/Nixon de Ron Howard, qui relate le célèbre entretien, c'est un must! Avec une carrière d'un demi-siècle, Frost est un véritable monument du journalisme anglo-saxon.