Il y a 15 ans, les téléspectateurs découvraient Carrie Bradshaw et ses trois copines, Charlotte, Samantha et Miranda, sur les ondes de la chaîne payante américaine HBO.

Inspirée du livre de Candace Bushnell, la série racontait la vie glamour et mouvementée de quatre trentenaires riches, belles et célibataires vivant à Manhattan. Ça aurait pu être une série médiocre et bourrée de clichés, mais c'est rapidement devenu une émission culte grâce, entre autres, à l'intelligence de l'écriture et à la mise en scène nerveuse et très moderne.

Avec le recul, on peut dire que l'arrivée de Sex and the City a marqué le début d'un second âge d'or pour la télévision, âge d'or dont le véhicule principal était sans contredit HBO. Dans les années qui ont suivi, la chaîne a également présenté The Sopranos et Six Feet Under, deux séries qui sont devenues elles aussi des classiques.

À la fin des années 90, on sortait de la suprématie Friends et Seinfeld, deux sitcoms diffusées sur le réseau NBC qui ont connu un immense succès, mais dont la forme - surtout dans le cas de Friends - n'était pas très éloignée de celle de Three's Company, une émission qui faisait fureur à la fin des années 70.

Avec Sex and the City, on entrait dans une nouvelle ère: réalisation léchée et plus complexe, chaque épisode avait un thème et le récit était ficelé avec intelligence. L'écriture de Darren Starr était nerveuse, drôle, «witty» comme le sont les New-Yorkais.

Et même si les personnages évoluaient dans un univers opulent et superficiel où les marques se disputaient l'écran et où la toile de fond était les lieux les plus branchés de Manhattan, les créateurs réussissaient tout de même à aborder des thèmes sérieux comme la peur de vieillir, les relations hommes-femmes, l'autonomie financière des femmes, la peur de l'engagement, etc.

Qu'on se comprenne, Sex and the City n'a jamais eu la profondeur des Sopranos ou de Six Feet Under, c'était avant tout une comédie. Mais elle avait un petit quelque chose de plus, un soupçon d'âme qui se glissait entre une paire de Manolo Blahnik et un sac Prada.

Sex and the City était-elle une série féministe? Sans aucun doute. À sa façon - et un peu à la façon de Madonna -, elle nous présentait des femmes autonomes financièrement, qui aimaient séduire et qui avaient une sexualité assumée. Bref, les quatre copines de Sex and the City étaient des femmes qui s'assumaient, mais qui payaient souvent le prix de leur autonomie et de leur indépendance. Le genre de personnage qu'on n'avait pas vu au petit écran depuis Maude (interprétée par la merveilleuse Bea Arthur) et Mary Tyler Moore.

Enfin, Sex and the City et les séries de HBO qui ont suivi ont marqué la fin de l'hégémonie des grands réseaux traditionnels. À partir de là, HBO est devenue LA référence en télé, et le public, toujours à la recherche de bonnes histoires et qui les trouvaient surtout au cinéma, est revenu vers la télévision.

Aujourd'hui, cette période achève et on voit la montée des nouveaux joueurs comme Netflix, YouTube et Amazon, qui produisent des contenus télé qu'on peut visionner sur toutes sortes de plateformes.

Qui sait, dans quelques années, on dira peut-être la même chose à propos de House of Cards que ce qu'on dit aujourd'hui à propos de Sex and the City: voilà une série qui a marqué l'histoire de la télévision.

#onaime

La prochaine série de Daren Starr, scénariste-producteur de Sex and the City, s'inspirera du compte Twitter de Bunmi Laditan. Cette maman américaine qui vit aujourd'hui à Montréal anime le compte @HonestToddler, qui raconte la vie d'une famille du point de vue d'une fillette de 3 ans.