La semaine dernière a donné lieu à tellement de dérapages dans les médias et les réseaux sociaux qu'on pourrait presque bâtir un cours de journalisme autour des attentats du marathon de Boston.

Mauvais suspects, fausses arrestations, comptes Twitter créés de toutes pièces, les informations erronées étaient relayées sans être vérifiées puis infirmées et retirées.

S'il y a une leçon à tirer de cette couverture médiatique échevelée, c'est sans aucun doute le grand besoin de trier ce qui circule dans les réseaux sociaux, de faire la part des choses entre ce qui est exact et ce qui est une rumeur. Devant ce flot de nouvelles, de déclarations et d'informations, la «curation» - un mot très à la mode dans les médias - est plus que nécessaire, elle est essentielle.

On donne souvent l'exemple d'Andy Carvin, cet éditeur de NPR qui s'est fait connaître durant le Printemps arabe en retweetant ce que disaient ses sources sur le terrain. Il s'était imposé comme règle de ne rien relayer qui ne soit pas confirmé par une autre source. Il s'est bâti une crédibilité internationale et est devenu une véritable référence. Mais un seul homme ne peut pas y arriver seul (M. Carvin était épuisé après les événements du Moyen-Orient). Quand l'information déferle en torrents, il faut toute une équipe.

Le site breakingnews.com est actuellement un très bon exemple de curation de nouvelles. Au cours des derniers jours, l'équipe derrière ce site a fait un boulot très sérieux pour ne diffuser que les nouvelles qui avaient été vérifiées et confirmées.

Fondé en 2007 puis racheté en 2009 par MSNBC, Breaking News a d'abord été un compte Twitter qui s'est ensuite développé en site web et en applications mobiles.

Formé d'une douzaine de professionnels de l'information, Breaking News est en quelque sorte un agrégateur humain qui s'abreuve à environ 300 sources et passe au tamis les nouvelles, tweets et images avant de les publier sur son site. «Même si nous faisons partie de la grande famille de NBC, nous sommes la seule source de nouvelles de dernière heure qui est absolument indépendante de toute entreprise de presse, peut-on lire sur le blogue de Breaking News. Nous ne favorisons aucune source en particulier, nous traitons chacune de façon objective en y appliquant un filtre éditorial.»

La méthode de travail de Breaking News a été mise à rude épreuve mercredi dernier lorsque tous les médias américains confirmaient l'arrestation d'un suspect. Un des éditeurs du site, Cory Bergman, explique sur son blogue que «malgré le fait que trois grandes entreprises de presse annonçaient l'arrestation d'un suspect, nous avons attendu. Pour une équipe de curateurs dont la marque de commerce est ''breaking news'', l'attente est atroce. Mais nous surveillions les tweets qui défilaient sur nos écrans et il y avait quelque chose qui sonnait faux.» Le temps leur a donné raison. Toutes les autres salles de nouvelles, CNN en tête, ont dû se rétracter à la fin de l'après-midi. Il n'y avait eu aucune arrestation. Ce qui fait dire à plusieurs observateurs des médias que les attentats de Boston pourraient peut-être marquer un retour à l'approche «slow news» dans les médias. Une façon prudente de traiter l'information disponible en temps réel. On verra bien. Une chose est sûre, des sites de curation comme Breaking News vont se multiplier au cours des prochains mois et des prochaines années. Il y a un réel besoin. On peut également s'attendre à ce que les entreprises de presse couvrent la nouvelle différemment: aux reporters sur le terrain qui rapportent les faits, il faudra ajouter des journalistes dont la tâche sera de faire le tri pour offrir au public un fil de presse composé de nouvelles vérifiées. Cela s'impose.

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