L'histoire horrible de Rehtaeh Parsons, cette jeune fille de 17 ans qui s'est suicidée après avoir été violée puis intimidée à répétition sur les réseaux sociaux, fait parler à travers le pays depuis une semaine. Cette tragédie n'est pas sans rappeler le viol collectif de Steubenville, aux États-Unis, où les images de la jeune victime ont circulé un peu partout sur YouTube, Instagram et Facebook.

Dans les deux cas, les mêmes ingrédients: des jeunes hommes délinquants, une victime isolée et la toxicité des réseaux sociaux derrière lesquels les agresseurs se cachent lâchement pour harceler les plus faibles jusqu'à les mener à bout.

Bien sûr, les réseaux sociaux ne sont pas les seuls responsables - pensons au travail bâclé de la police, à l'indifférence de la communauté, à l'attitude toujours aussi sexiste à l'endroit des victimes de viol. Mais ce serait jouer à l'autruche que de ne pas faire face au problème de la cyberintimidation. Comme le disait la sexologue Jocelyne Robert au Téléjournal Midi vendredi dernier: «Ce n'est plus anecdotique. Je peux vous nommer plusieurs cas récents. Et que dire des victimes qui ne parlent pas.»

La cyberintimidation est un véritable cancer, en particulier dans les écoles.

Depuis son viol, il y a deux ans, Rehtaeh Parsons était harcelée sur Facebook. Elle a même déménagé dans une autre ville, en vain. Ses harceleurs ne l'ont pas lâchée. À la fin, la seule porte de sortie à ses yeux était la mort. Vendredi dernier, à la radio, une femme qui témoignait avoir vécu l'horreur d'un viol collectif a déclaré: «S'il y avait eu les réseaux sociaux, je ne crois pas que je serais passée au travers.»

Comment expliquer que tant de gens - et pas seulement des ados délinquants - se comportent comme de véritables porcs sur les réseaux sociaux? Est-ce l'anonymat qui leur donne ce sentiment de toute-puissance leur permettant de harceler les plus faibles en toute impunité? Ou est-ce l'aspect virtuel du web et des réseaux sociaux qui les déconnecte de leur propre humanité et les empêche de ressentir la moindre empathie?

L'exemple des pages Spotted dont nous parlions dans ces pages il y a deux semaines (ces pages Facebook créées pour faciliter les rencontres entre étudiants, mais qui sont devenues de véritables babillards d'intimidation) en est un autre exemple. À la suite de la publication de cet article, des membres du personnel d'écoles montréalaises ont pris contact avec La Presse pour témoigner des problèmes qu'ils vivaient à cause de cela.

À qui revient la responsabilité de mieux informer et d'éduquer les jeunes à l'utilisation du web et des réseaux sociaux? Le ministère de l'Éducation ne devrait-il pas inclure dans la formation des jeunes plusieurs heures de cours portant exclusivement sur cet aspect de notre vie en société? On enseigne bien aux jeunes à mieux comprendre le fonctionnement des médias. Peut-être serait-il pertinent de leur apprendre à utiliser les nouvelles technologies en pleine connaissance de leur impact et des responsabilités qui s'y rattachent. Et pas seulement dans le cadre d'une journée thématique, mais bien au jour le jour, en classe, avec un enseignant compétent alors que les jeunes sont captifs et attentifs.

#ONAIME

Alec Baldwin serait en négociation pour animer un talk-show de fin de soirée sur le réseau NBC. Quelle bonne idée!

#ONAIMEAUSSI

Dans la foulée des Longreads, The Awl, etc., le journaliste Marc-André Sabourin veut lancer Inouï, une maison d'édition qui publierait «des histoires vraies qui se lisent comme des romans». Il est en campagne de financement jusqu'au 13 mai sur indiegogo.