Qui a dit que le féminisme n'intéressait pas les médias?

Cette semaine, la première page du magazine TIME était consacrée à Sheryl Sandberg, la COO (Chief Operating Officer) de Facebook qui a également participé au développement de Google. Celle qu'on surnomme parfois madame Facebook vient de publier un livre qui fait beaucoup de bruit aux États-Unis et dont tous les médias ont parlé depuis une semaine.

Mme Sandberg aurait pu écrire un livre sur les entreprises techno, mais elle a choisi un sujet plus difficile et moins «sexy», du moins aux yeux des médias traditionnels: l'égalité homme-femme.

Dans Lean In: Women, Work and the Will to Lead, Sheryl Sandberg lance un véritable cri de ralliement aux femmes. Elle les invite à prendre leur place, à s'engager, à défoncer le plafond de verre, à viser les postes de pouvoir, à ne pas avoir peur de réclamer une augmentation de salaire, une promotion. Bref, à faire preuve dans leur vie professionnelle du même cran, de la même assurance que leurs collègues masculins.

Certains de ses propos font écho au livre de Monique Jérôme-Forget, Les femmes au secours de l'économie, qui affirmait que les entreprises devaient s'adapter aux femmes, ne pas les faire se sentir coupables lorsqu'elles étaient enceintes, et faire en sorte qu'elles pouvaient s'épanouir professionnellement tout en élevant une famille.

Dans un discours prononcé aux finissants de Harvard l'an dernier, Sheryl Sandberg a eu ces mots très durs à l'endroit des filles: «Au rythme où vont les choses, dans quelques années, vous travaillerez et c'est le garçon qui est assis à côté de vous qui sera votre patron».

Cette déclaration a eu l'effet d'une gifle, certaines femmes se sentant jugées et ayant l'impression qu'on leur reprochait leur manque d'ambition.

Sheryl Sandberg affirme que ce n'est absolument pas son intention avec ce livre. Elle veut plutôt encourager l'estime de soi des femmes, y compris le sien qui, avoue-t- elle, est parfois à la baisse malgré son succès et sa position.

On est en effet étonné d'apprendre en lisant son livre que cette super woman était presque gênée de se retrouver parmi les cinq femmes les plus puissantes du monde, selon le magazine Forbes, et que c'est son assistante qui a dû lui faire un «pep-talk» pour qu'elle arrête de se dénigrer quand les gens la félicitaient.

Tout aussi surprenant de lire que c'est son beau-frère qui l'a convaincue de ne pas accepter la première offre d'emploi de Mark Zuckerberg, patron de Facebook, parce que «jamais un homme de ton niveau ne dirait oui à la première offre». Il n'y a pas une semaine, avoue Sheryl Sandbberg, où je ne souffre pas du syndrome de l'imposteure.

Son livre est toutefois encourageant, stimulant et jamais on a l'impression qu'elle nous fait la leçon. Mais s'adresse-t-elle à toutes les femmes? Qu'est-ce qu'une mère de famille monoparentale avec un emploi alimentaire peut faire des conseils de cette super femme d'affaires? N'y a-t-il pas quelque chose de complètement élitiste dans ce discours?

Tout le monde lui a posé la question, à commencer par l'intervieweuse de l'émission d'affaires publiques 60 Minutes où elle était invitée dimanche dernier. Sa réponse: «Justement parce que je suis où je suis, je me dois de prendre la parole et de parler au nom des femmes. Bien sûr que tout le monde ne souhaite pas devenir PDG d'entreprise, mais tout le monde souhaite l'égalité entre les sexes.»

Dans un autre discours prononcé devant les finissantes de Barnard College en 2011, elle déclarait: «Un monde vraiment égal serait un monde où les femmes dirigeraient la moitié de nos institutions et les hommes, la moitié de nos foyers.»

Ce message, qu'on n'entend quand même pas si souvent dans les médias, s'adresse à tous les hommes et à toutes les femmes, peu importe l'emploi qu'ils occupent ou la classe sociale dont ils sont issus. Et avec Sheryl Sandberg, ce plaidoyer féministe vient de trouver un formidable porte-voix.

ON AIME

Le discours que Sheryl Sandberg a prononcé en 2011 devant les finissantes de Barnard College.

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ON NOTE

Twitter lancera une application musique à la fin du mois, selon le site CNet. Cette appli permettra de suivre des chanteurs, partager des choix musicaux avec des amis et recevoir des suggestions de chansons ou d'artistes.